Fund Forum : La DG de Franklin Templeton souligne le poids du « local » dans la gestion

Adrien Paredes-Vanheule, à Monaco
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Franklin Templeton est la société de gestion dont les fonds d’investissement transfrontaliers sont distribués dans le plus grand nombre de marchés différents au monde selon une récente étude du consultant EY sur le sujet. Les fonds du gestionnaire américain étaient commercialisés dans 60 pays fin 2021. Sondée ce jeudi en marge du Fund Forum à Monaco sur le phénomène de démondialisation, la directrice générale de la firme, Jenny Johnson, a souligné l’importance d’être local pour un gestionnaire d’actifs aussi international que Franklin Templeton (1.456 milliards de dollars d’encours gérés à fin avril 2022). «Dans le monde du sport, aucun supporter ne soutient toutes les équipes du championnat mais juste l’équipe locale. Ce biais local est perceptible dans le domaine de l’investissement et persistera. Les flux entrants dans les marchés de fonds locaux sont en général de l’ordre de 70% pour les gérants locaux et le reste pour les gérants internationaux. Durant la pandémie de Covid, nous avons observé que les investisseurs voulaient soutenir d’abord l’économie locale, leur propre marché», dit-elle. Pour Jenny Johnson, local ne signifie pas seulement des produits locaux dans des véhicules locaux. Le service doit être local lui aussi. En ce qui concerne Franklin Templeton, il est assuré depuis 35 bureaux hors Etats-Unis à travers le monde, servant des clients dans plus de 155 pays. Ce quadrillage marque selon la dirigeante une différence concrète vis-à-vis des concurrents qui s’en tiennent à la distribution de fonds transfrontaliers à l’international sans réelle implantation locale. Personnalisation En termes de clientèle, le focus central de la distribution de fonds bascule actuellement de l’investisseur professionnel vers l’investisseur particulier. De fait, le «local» sous-tend également une personnalisation toujours plus poussée de l’offre produits et services. Et en matière de customisation, le gestionnaire américain a achevé, début 2022, l’acquisition de O’Shaughnessy Asset Management (OSAM), un fournisseur de solutions d’indexation directe (direct indexing). Cette pratique consiste en l’achat par l’investisseur de titres présents dans un indice avec les mêmes poids que dans l’indice concerné sans passer par l’achat d’un fonds mutuel ou d’un fonds indiciel coté (ETF). Le segment, que Jenny Johnson assimile à une extension des comptes gérés séparément (separate managed account) pour particuliers, a gagné en popularité pour des raisons essentiellement fiscales aux Etats-Unis mais n’a pas encore vraiment débarqué en Europe. «Le fait que l’indexation directe opère un modèle basé sur les frais est une composante importante car il en résulte une réelle transparence sur les frais payés par l’investisseur final.» Interpellée sur l’éventualité d’une cannibalisation de l’offre des fonds mutuels et ETF de Franklin et ses filiales par les solutions d’indexation directe, Jenny Johnson rétorque : «A la seconde où vous vous focalisez sur la cannibalisation de votre activité, vous sortez du jeu. Il ne faut vous concentrer que sur le client et avoir de la flexibilité pour ajouter des produits selon les souhaits des clients.» Manière de dire que le client investisseur reste le roi dans le monde de la gestion d’actifs. Divergences Le «local» ne s’arrête pas à la distribution, il se retrouve dans d’autres segments du secteur comme l’investissement durable interprété différemment aux Etats-Unis et en Europe par exemple, rappelle Jenny Johnson. L’amélioration de la data est pour elle une bonne nouvelle dans la mesure où les gérants seront de plus en plus capables d’identifier des investissements qui permettront de fournir des produits et mandats plus spécifiques et encore davantage en adéquation avec les attentes des clients. La directrice générale de Franklin Templeton prédit par ailleurs une évolution à double sens de la perception de l’investissement durable chez les clients au moment d’évoquer les questions de préférences en matière d’investissement durable rendues obligatoires par la directive européenne Mifid II et devront être posées à partir d’août par divers intermédiaires financiers. Certains clients demanderont quels sont les risques d’investir dans une société sur le long-terme d’un point de vue environnemental, social et de gouvernance quand d’autres s’intéresseront davantage à l’impact d’une société sur le monde. Ce qui résultera en deux appréciations très distinctes des fameuses préférences. Une solution parmi d’autres pour contenter tout ce monde sera d’être «glocal». Global et local à la fois.

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