
Euronext voit grand en voulant croquer Allfunds
Peu de points communs, a priori, entre une Bourse et une plateforme de distribution de fonds. Et pourtant, Euronext a confirmé mercredi avoir engagé les discussions avec Hellman & Friedman et BNP Paribas pour acquérir la société Allfunds. La société de private equity et la banque françaiseen détiennent respectivement 34% et 12% du capital. L’opération, si elle se réalise, serait la plus importante acquisition de l’histoire de l’opérateur de marché paneuropéen. L’offre indicative présentée par Euronext valorise Allfunds à 5,5 milliards d‘euros. Un montant supérieur aux 4,4 milliards d’euros débourséspour racheter Borsa Italiana en 2020. Ces deux opérations apparaissent par ailleurs très différentes. Si les synergies entre les activités d’Euronext et la Bourse italienne sautaient aux yeux, c’est beaucoup moins le cas avec Allfunds. La société, leader mondial dans son domaine, est à la fois une infrastructure de marché de distribution de fonds et une plate-forme de services pour des clients distributeurs (réseaux bancaires, banques privées...) de plus en plus friands d’architecture ouverte. Elle offre un point d’entrée unique aux asset managers qui veulent toucher une multitude de distributeurs sans avoir à signer des contrats bilatéraux. Elle permet de tenir à jour les bases documentaires des fonds ou gérer les rétrocessions versées. Allfunds fait enfin office de centrale d’achat pour ses clients, leur permettant d’obtenir des prix de gros. Peu de choses en commun donc avec les métiers d’Euronext, que ce soit sur les actions ou le post-marché. «Il est difficile d’identifier des synergies dans cette transaction», commentent les analystes de Citi dans une note relayée par Bloomberg. Croissance et diversification L’absence de synergie évidente ne signifie cependant pas que cette transaction soit dénuée de sens. Conseillé selon les informations de L’Agefi par Rothschild & Co, Euronext poursuivrait ainsi la diversification de ses revenus pour être moins dépendant des volumes de trading des titres cotés. Il se porterait acquéreur d’un groupe avec de fortes perspectives de croissance, supérieures à celle des métiers historiques de la Bourse, et d’une grande efficacité opérationnelle. «Allfunds est une des plateformes les plus adaptées à la hausse des marchés. Nous estimons que chaque hausse du marché de 1% devrait entraîner une hausse directe de ses bénéfices de 1%», expliquent les analystes de Barclays dans une note publiée début février. Si les métiers sont différents, les deux sociétés ont beaucoup de clients en commun, comme les gérants d’actifs. Euronext n’est d’ailleurs pas la seule société de Bourse à vouloir se développer sur ce segment. Deutsche Börse a pris en 2021 le contrôle complet de Clearstream Fund Centre, une plateforme de service aux fonds d’investissement auparavant logées chez UBS. Euronext et Allfunds peuvent aussi profiter de leur complémentarité géographique. Allfunds reste peu présente en France, même si la société y dispose d’un bureau, et aux Pays-Bas, les deux marchés historiques d’Euronext. Du côté des clients, cette opération ne semble pas poser de problème particulier. «Le changement d’actionnaire d’Allfunds serait transparent pour nous», confirme le patron d’une banque privée cliente de la plate-forme. Opportunisme Ce projet d’acquisition témoigne aussi de l’opportunisme financier d’Euronext. Avant cette annonce, le titre Allfunds accusait une baisse de presque 60% par rapport à son plus haut atteint il y a un peu plus d’un an, à l’automne 2021. Si l’offre a fait bondir le titre de plus de 17% mercredi, à 8,60 euros, ce niveau reste bien en dessous du potentiel que lui promettent certains analystes. Barclays a, par exemple, fixé son cours cible sur la valeur à 12 euros. Enfin, Euronext a démontré sa faculté à bien intégrer les sociétés qu’il a rachetées ces dernières années. Lors de la publication de ses résultats pour 2022, l’opérateur a ainsi relevé de 100 à 115 millions d’euros ses objectifs de synergies avec Borsa Italiana. Dans le cas d’Allfunds, il s’agira plutôt de trouver les solutions pour développer son empreinte internationale. La tâche ne sera pas simple.
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