En dégradant la note souveraine des Etats-Unis, la Chine donne le ton du G20

A la veille du sommet du G20, l’agence de notation locale a dégradé de AA à A+ la note souveraine des Etats-Unis avec une perspective négative
Patrick Aussannaire

La Chine jette de l’huile sur le feu avant le G20. L’agence de notation chinoise, Dagong Global Credit Rating, a fait part, via l’agence de presse Xinhua sous tutelle de l’Etat, de sa décision de dégrader la note souveraine des Etats-Unis de AA à A+ avec une perspective négative. A la veille du lancement du sommet du G20 à Séoul, le ton est donné.

Alors que les trois principales agences de notation basées à New-York (Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch) continuent d’attribuer aux Etats-Unis la note maximale de AAA, Dagong renvoie la critique sur les dangers d’une monnaie dévaluée en termes de déséquilibres mondiaux à l’envoyeur. «La dépréciation du dollar adoptée par le gouvernement américain indique que sa solvabilité est sur le point de vaciller, ce qui explique sa volonté de se servir de le dévaluation monétaire pour réduire sa dette; une telle décision a sévèrement affecté les intérêts des créditeurs. Le monde entier devra à présent faire face à une période d’ajustement sévère de son modèle de croissance» indique l’agence.

Alors que les Etats-Unis font pression pour une réévaluation du yuan, le caractère politique de cette dégradation est indéniable, comme le souligne Ian Lyngen, stratégiste chez CRT Capital. «La perception générale des marchés est qu’il y a un risque que l’agence de notation chinoise joue plus un jeu politique qu’elle ne fournit une analyse indépendante». D’ailleurs, la Chine a annoncé un excédent commercial plus important que prévu de 27,1 milliards de dollars en octobre.

Cependant, elle intervient dans un contexte international très critique vis-à-vis de la politique américaine. Il y a quelques jours, le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, était sorti de sa réserve pour dénoncer l’hypocrisie américaine en matière de taux de change, la politique d’assouplissement monétaire de la Fed servant de prétexte à maintenir artificiellement le dollar à un faible niveau afin de soutenir le niveau des exportations, alors que la demande intérieure est handicapée par un taux de chômage autour de 10%.

Enfin, même si Ben Bernanke s’en défend à présent, un nombre croissant d’économistes craignent que la politique d’assouplissement monétaire de la Fed en faisant marcher la planche à billet relance les anticipations inflationnistes dans un contexte de croissance toujours modérée et de chômage toujours élevé.

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