Credit Suisse est rattrapé par la justice américaine pour sa gestion privée

Après avoir soldé le contentieux avec UBS, les Etats-Unis enquêtent sur le rôle de la banque suisse dans l'évasion fiscale de ses contribuables
Florent Le Quintrec

Credit Suisse, la deuxième banque suisse, a annoncé vendredi être sous le coup d’une enquête du Département américain de Justice (DoJ) concernant ses activités de gestion de fortune transfrontalières. Cette procédure s’inscrit dans le cadre d’une bataille de près de quatre ans entre les autorités américaines et suisses sur le rôle des banques helvétiques dans l’évasion fiscale de contribuables américains.

Dans un bref communiqué, Credit Suisse précise que les autorités américaines conduisent une enquête sur l’ensemble du secteur bancaire. «Contraints par nos obligations légales en Suisse, nous continuerons à coopérer avec les autorités américaines afin de résoudre ces problèmes», ajoute la banque. Elle souligne en effet avoir déjà répondu à des demandes d’informations de la justice américaine, via notamment des assignations à comparaître.

En février dernier, le DoJ avait annoncé l’inculpation de quatre banquiers suisses accusés d’avoir eu des activités bancaires transfrontalières illégales visant à aider des contribuables américains à s’évader fiscalement en ouvrant des comptes bancaires secrets en Suisse. Des sources proches du dossier avaient par la suite révélé qu’il s’agissait de banquiers travaillant pour Credit Suisse. En 2008, la banque suisse détenait «des milliers de comptes secrets pour des clients américains pour un montant de 3 milliards de dollars d’actifs sous gestion», avait indiqué le DoJ. Sont également visés par les autorités américaines Julius Baer, HSBC et la Banque cantonale de Bâle.

Cette procédure intervient après le règlement de celle visant la première banque suisse, UBS. Cette dernière avait accepté en février 2009 de payer 780 millions de dollars d’amendes aux autorités américaines puis de dévoiler l’identité de plus de 4.000 clients détenant des comptes secrets chez elle. L’accord avait contribué à une forte décollecte pendant plusieurs trimestres dans la gestion de fortune du groupe. UBS et Credit Suisse détiennent respectivement la troisième et la cinquième place mondiale dans la gestion privée avec 1.560 et 865 milliards de dollars d’actifs sous gestion, d’après le dernier classement Scorpio.

«Actuellement, il est difficile de savoir si cela conduira à une affaire judiciaire ou à une amende contre Credit Suisse», note Teresa Nielsen, analyste chez Vontobel.

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