
Bruxelles dévoile son plan pour s’affranchir du gaz russe

L’Europe doit agir vite. «Nous pouvons réduire notre dépendance excessive au gaz russe de deux tiers d’ici la fin de l’année si les Etats membres mettent en œuvre une série de mesures d’urgence proposées par la Commission aujourd’hui» a déclaré mardi le vice-président exécutif de la Commission européenne (CE) en charge du Pacte vert, Frans Timmermans, en dévoilant les outils à la disposition de l’UE pour répondre à la flambée des prix énergétiques.
En mettant en évidence la dépendance européenne à l’égard des combustibles fossiles russes, l’invasion de l’Ukraine lancée par Moscou oblige l’Union européenne à repenser ses importations de gaz, soit 90% du gaz utilisé en Europe, dont 40% dépendent de la Russie. Elle doit se préparer à de possibles restrictions dans les livraisons russes et faire face à la flambée des prix de l’énergie.
Si l’Europe pourra passer cet hiver grâce au gaz stocké et aux livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL), elle doit continuer à chercher des alternatives au gaz russe. La communication de Bruxelles, baptisée RePowerEU, et formalisée par un document publié par la Commission européenne, vise ainsi à mettre en place de nouvelles actions dans le but d’augmenter la production d’énergie verte, à diversifier l’approvisionnement et à réduire la demande de gaz «qui a une influence significative sur le marché de l’électricité et pour lequel le marché mondial est moins liquide», indique le document.
Bruxelles prévoit de remplacer 112 milliards de mètres cubes (mmc) de gaz russe d’ici la fin de l’année, grâce à une augmentation des achats de gaz naturel liquéfié (GNL), à un recours accru aux énergies éolienne et solaire, à des mesures d’efficacité et à l’utilisation de biométhane, entre autres. Ces différentes mesures pourraient ainsi réduire de 72% les importations annuelles de gaz russe par l’UE, d’après la Commission.
Les Etats membres devront par ailleurs remplir leurs installations de stockage de gaz à 90% au début de chaque hiver. Les données relatives au stockage montrent que ces installations sont actuellement remplies à 27%.
Si le texte insiste davantage sur les mesures pour réduire la dépendance énergétique de l’UE, des mesures pour soutenir les entreprises et les ménages sont envisagées par la Commission.
Fiscalité
Le texte prévoit ainsi que «dans la situation de crise actuelle, les Etats membres peuvent exceptionnellement décider d’introduire des mesures fiscales visant à capter une partie des bénéfices que réalisent certains producteurs d’électricité ». Une telle mesure « permettrait d’éviter en partie que les prix élevés actuels du gaz n’augmentent les coûts supportés par les clients finaux, tout en préservant des prix marginaux de gros de l’électricité efficaces », indique le texte.
Dans le même but, les Etats membres pourront bénéficier d’une suspension de certaines règles relatives aux aides d’Etat et utiliser les recettes du marché du carbone de l’UE, dont le montant total est estimé par la Commission à 30 milliards d’euros entre janvier 2021 et février 2022.
Par ailleurs, les aides d’Etat dans le contexte du système d’échange de quotas d’émission (ETS) «autorisent les Etats membres à soutenir spécifiquement les secteurs qui sont le plus exposés au risque de fuite de carbone en raison des coûts des émissions indirectes».
«Si plus d’argent pour financer ces mesures est nécessaire, c’est au Conseil européen d’en débattre et de voir comment il veut que nous fassions avancer les choses» a déclaré Frans Timmermans à l’issue de la conférence de presse. Il fait allusion à un possible projet d'émission conjointe d’obligations pour financer les dépenses en matière d'énergie et de défense.
Le plan doit être examiné par les dirigeants de l’UE lors de leur réunion informelle à Versailles ce jeudi et vendredi.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse