
Le réseau Swift crée son propre garde-fou contre la fraude

C’était la pierre qui manquait à son édifice. Critiqué pour son attentisme après plusieurs cyberattaques, notamment celle ayant permis de dérober 81 millions de dollars à la banque centrale du Bangladesh en février 2016, le réseau de transactions interbancaires Swift a depuis multiplié les initiatives dans la sécurité. Elles consistaient presque toutes à sécuriser l’accès des banques au réseau, donc leurs interfaces informatiques, principal point faible ciblé par les hackers.
Ce matin, Swift annonce le lancement d’un service de contrôle anti-fraude concernant cette fois les interactions des banques sur le réseau lui-même. Optionnel, ce service autorisera la messagerie interbancaire à détecter, bloquer et notifier les formes de paiement atypiques. Il suffira aux banques de définir des paramètres, en fonction de leur politique de risque et de conformité, permettant à Swift de détecter tout flux de messages inhabituel avant sa transmission. Par exemple, un établissement pourra demander le blocage toutes les transactions soumises en dehors des heures de bureau, ou bien avec une contrepartie inconnue.
Ainsi, «si des attaquants réussissent à prendre le contrôle du back-office d’une banque et générer un ordre de paiement sur le réseau Swift pour envoyer 100 millions d’euros à une contrepartie, la solution pourra arrêter cet ordre au niveau du réseau Swift et notifier les responsables au sein de la banque, détaille Luc Meurant, directeur de la conformité sur le crime financier chez Swift. L’idée est de rajouter des obstacles : il faudrait en plus prendre le contrôle d’un autre système pour intercepter ces notifications».
Le service est surtout destiné aux institutions financières de petite taille. Swift en compte environ 3.000 sur ses 10.000 utilisateurs. «Nos efforts portent en priorité sur les acteurs les plus vulnérables, explique Luc Meurant. Pour eux, il sera moins cher d’acheter notre service que d’en développer un en interne». Selon une source proche du dossier, il pourrait être facturé entre 10.000 et 20.000 euros par an.
Après «un investissement important», cette solution sera testée en début d’année prochaine pour un lancement après l’été 2018. Un seul programme similaire avait été lancé par Swift, en 2012, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et le blanchiment. Baptisé «sanctions screening», ce procédé bloque les transactions avec une contrepartie ayant fait l’objet d’une sanction. Il compte 600 utilisateurs.
Plus d'articles du même thème
-
Worldline nomme un nouveau directeur financier pour accompagner sa transformation
En provenance d'Alstom, Srikanth Seshadri remplace Gregory Lambertie à la direction financière du spécialiste des paiements. -
Klarna et la crypto réveillent les introductions à Wall Street
Le succès de la cotation du spécialiste du paiement fractionné, associé à l’engouement provoqué par les projets d’introduction en Bourse de plusieurs acteurs des cryptoactifs, illustre l’intérêt des investisseurs pour les valeurs financières de nouvelle génération. -
La fraude par manipulation reste sous contrôle
L’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement montre que les mesures prises par les banques et la collaboration avec les opérateurs télécom portent leurs fruits.
ETF à la Une

Kraken étend son offre de trading actions et ETF à l'Union européenne
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- Zucman contre Mistral, la France qui perd et la France qui gagne
- Mistral AI lève 1,7 milliard d’euros et accueille ASML à son capital
- Sébastien Lecornu commence son chemin de croix budgétaire avec Fitch Ratings
- Armani pourrait se vendre à un groupe français
Contenu de nos partenaires
-
Adaptation
Été 2025 : 43 milliards d’euros évaporés sous la canicule
La France, l’Espagne et l’Italie ont été les pays où les dommages des événements climatiques extrêmes ont été les plus lourds -
Balance bénéfice-risque
Antonin Bergeaud : « Taxer le patrimoine serait un saut dans l’inconnu dangereux »
Professeur associé à HEC, Antonin Bergeaud met en garde contre le risque que fait peser la taxe défendue par Gabriel Zucman sur la dynamique entrepreneuriale -
Wall Street portée par l’espoir d’une baisse des taux et les progrès commerciaux avec la Chine
Washington - La Bourse de New York a ouvert en hausse lundi, portée par la perspective d’une baisse des taux de la Réserve fédérale (Fed) dès mercredi, les investisseurs accueillant également avec optimisme l’avancée des négociations commerciales entre Washington et Pékin. Dans les premiers échanges, le Dow Jones prenait 0,16%, l’indice Nasdaq avançait de 0,46% et l’indice élargi S&P 500 gagnait 0,34%. Nasdaq © Agence France-Presse