
Les entreprises se font payer pour emprunter sur le marché

Le marché primaire en euros des obligations d’entreprises succombe à son tour aux taux négatifs. Au cours d’une journée très active hier, Sanofi et Henkel ont tous deux réussi à obtenir des rendements négatifs, emboîtant le pas à Deutsche Bahn qui avait été la première entreprise à s’aventurer sur ce territoire en juillet. Dans le cadre d’une émission multitranche d’un montant total de 3 milliards d’euros, Sanofi a levé 1 milliard à 3 ans en concédant un coupon de -0,05%. Le groupe pharmaceutique avait obtenu un coupon nul au mois de mars sur une émission de titres de maturité identique. Des conditions qu’il a cette fois réussi à obtenir sur sa nouvelle souche à 5 ans. De son côté, Henkel a obtenu le même rendement de -0,05% que Sanofi sur sa souche à 2 ans, et un rendement nul sur celle à 5 ans en euros.
Ce sont ainsi désormais trois sociétés qui ont émis en euros à rendement négatif et six à rendement nul. Un investisseur gardant les titres jusqu'à leur échéance est donc assuré de perdre de l’argent. «C’est d’autant plus remarquable que les marchés ne s’attendaient pas à ces niveaux», estime SG CIB. Les spreads sont ainsi ressortis à des niveaux inférieurs de 7 à 10 pb aux objectifs initiaux de Sanofi, épaulé par BNP Paribas, Morgan Stanley, Crédit Agricole CIB, Deutsche Bank, MUFG et Natixis, et de Henkel, aidé par BNP Paribas, Deutsche Bank et JPMorgan. Ces titres ont aussi bénéficié de notations solides, de «A1/AA» et «A2/A».
«Même s’il existe un acheteur aux poches profondes actif sur le marché (la BCE), il est peu probable que les taux négatifs deviennent le nouveau paradigme sur le marché primaire corporate», tempère néanmoins SG CIB. Sur le marché secondaire, 88 milliards d’euros d’obligations non financières en euros cotent à des rendements négatifs, 553 milliards à des niveaux inférieurs à 0,5% et 755 milliards à moins de 1%, contre 712 milliards au mois de juillet, selon les estimations de SG CIB. Le stock de titres dont les niveaux de rendement sont supérieurs à 1% est quant à lui limité à seulement 148 milliards d’euros.
Sur le segment de la dette corporate investment grade, le rendement moyen va de 0,23% pour les maturités comprises entre 1 à 3 ans à 1,28% pour celles supérieures à 10 ans. «Malgré les événements d’hier, le montant d’obligations à rendements négatifs ne devrait pas atteindre des niveaux importants et encore moins sur le marché primaire», estime cependant SG CIB.
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