Yves Desjardins : « Le marché de la démocratisation des actifs privés est en pleine expansion »

Yves Desjardins, directeur général de Schroders en France, délivre à L’Agefi sa vision de l’avenir des actifs privés.
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Yves Desjardins, directeur général de Schroders en France  - 

L’Agefi : Où en est Schroders aujourd’hui sur le marché français ?

Yves Desjardins : Au cours des huit dernières années, nous avons connu une croissance significative en France. Les actifs sous gestion sont passés d’environ 4,4 milliards d’euros fin 2014 à 11,3 milliards d’euros à fin mars 2023 et nous avons développé notre présence dans le secteur des actifs privés. Nous avons acquis une division spécialisée dans l’hôtellerie et avons largement étendu nos activités dans le domaine des infrastructures. Aujourd’hui, les actifs privés représentent 55% de nos encours gérés pour des clients français.

Côtés investisseurs, aujourd’hui, la majorité de notre clientèle est une clientèle institutionnelle, et nous avons 22% de clientèle « intermediary », regroupant des gérants de fonds de fonds, des family offices et des banques privées.

Quelle est, selon vous, la classe d’actif qui est en plein essor ?

Il y a un appétit de plus en plus prononcé pour les actifs privés et en particulier pour les infrastructures. Sur ce dernier segment, chez Schroders, nous nous concentrons sur les actifs dits « Infrastructure core » aussi bien en dette qu’en equity, avec une prévisibilité des cash flows, une forte protection contre l’inflation et une bonne structure contractuelle.

Actuellement, nous travaillons sur une offre infrastructure combinant de la dette et de l’equity à destination d’une clientèle privée.

Une des tendances notables sur le secteur est la démocratisation des actifs privés : quels défis y sont associés selon vous ?

Aujourd’hui, il y a un réel besoin d’élargir la base d’investisseurs pour les actifs privés. En raison de la baisse des actifs côtés, « l’effet dénominateur » entraîne mécaniquement une augmentation de la part des actifs privés dans les portefeuilles et limite la marge de manœuvre des investisseurs institutionnels. D’où l’intérêt d’aller chercher une clientèle privée. Cette démocratisation des actifs privés a également été stimulée par leur attractivité croissante. Avec la remontée des taux, ces actifs deviennent particulièrement intéressants pour les investisseurs. Alors que les rendements bruts pour la dette junior étaient autrefois d’environ 5%, les investisseurs peuvent désormais espérer des rendements bruts compris entre 8,5% et 10% pour des maturités de 6 à 8 ans.

Mais, l’entrée des investisseurs privés change la donne et soulève certains défis. D’une part, la distribution des actifs est différente. D’autre part, l’accompagnement des réseaux s’avère plus complexe et nécessite un travail pédagogique particulier. Se pose ensuite la question de l’illiquidité des actifs privés, qui peut susciter des réticences chez la clientèle privée. Le besoin de liquidité est souvent prépondérant pour eux alors que, dans la réalité, elle n’est que rarement utilisée. Cela conduit à des allocations d’actifs peu adaptées, comme en témoigne par exemple le poids important du monétaire dans l'épargne salariale, alors que les épargnants débloquent peu souvent leurs fonds !

Schroders Capital a lancé son premier fonds Eltif en 2023, envisagez-vous de lancer un fonds « Eltif 2 » ?

Nous avons lancé notre premier fonds européen d’investissement à long terme (Eltif), « le Schroders Capital Private Equity Eltif 2023 » en avril dernier. Le régime Eltif était un premier pas vers un accès facilité aux actifs non cotés. Dans sa nouvelle mouture « ELTIF 2 » qui sera applicable à partir du 10 janvier 2024, le régime a été assoupli pour les gestionnaires d’actifs : le seuil minimal d’actifs éligibles à l’investissement a été réduit de 70% à 55 % et le seuil de diversification est passé de 10% à 20 %, ouvrant ainsi de nouvelles opportunités d’investissements, en particulier pour les actifs infrastructure.

Nous remarquons, de nos discussions avec le régulateur et le trésor public, qu’il y’a une meilleure prise en compte du rôle croissant des actifs privés dans la croissance économique et des contraintes qui y sont associées. Nous étudions attentivement ces possibilités afin d’élargir notre offre de produits et convertir ainsi certains de nos véhicules éligibles au régime Eltif 2 au 10 janvier prochain.

A lire aussi: Eltif, un nouveau départ pour la démocratisation du private equity ?

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