PME et fonds, une relation toujours en construction

La méconnaissance du non-coté freine l’ouverture des PME aux fonds d’investissement. Pourtant, les compétences extra-financières de ces actionnaires intéressent les dirigeants.
Coralie Bach

Le nombre d’entreprises accompagnées par les fonds d’investissement a beau progresser régulièrement, certaines idées ont la vie dure. « Le capital-investissement reste mal connu des PME, témoigne Guillaume Capelle, associé gérant de la banque d’affaires Adviso Partners. Beaucoup de dirigeants associent par exemple fonds d’investissement et fonds de pension, avec toutes les images négatives auxquelles cela renvoie. » Face à un besoin de financement, les chefs d’entreprise n’ont ainsi pas le réflexe de solliciter un investisseur en capital. Selon un sondage* mené auprès de 365 PME pour le compte d’In Extenso, Bee Up Capital et le Crédit Agricole Centre-Est, cette solution n’est évoquée que par 10 % des sondés, loin derrière le prêt bancaire, cité à 81 %, et le crédit-bail, pour 45 %. Et même lorsque l’opération en capital est envisagée, elle est fréquemment analysée sous un mauvais prisme : « Les dirigeants comparent souvent les demandes d’un investisseur en capital à celles d’une banque, relève Nicolas du Rivau, directeur associé du conseil M&A In Extenso Finance. Il est certain qu’un pacte d’actionnaires est plus impliquant qu’un prêt bancaire, mais il a aussi d’autres vertus en matière d’accompagnement et d’expertises. Si le dirigeant recherche uniquement un financement supplémentaire, je lui conseille de solliciter en premier lieu les banques. »

Garder le contrôle

Les garde-fous demandés par les fonds peuvent en effet effrayer les novices, à commencer par les fameuses clauses de bad leaver, qui permettent au financier de racheter à bas prix les parts du dirigeant lors d’une faute de ce dernier. Des cas qui restent rarissimes mais qui cristallisent la crainte plus globale de perdre le contrôle opérationnel de sa société : 44 % des patrons sondés se demandent en effet s’ils vont devoir modifier leur mode de gestion après l’entrée d’un fonds. « Il y a contrôle et contrôle, explique Guillaume Capelle. Nous rappelons à nos clients qu’il peut y avoir une différence entre le pourcentage du capital détenu et le poids en termes de droits de vote, et nous définissons avec eux les zones acceptables. » C’est en effet la première étape : faire comprendre la multiplicité des configurations possibles d’une ouverture de capital, de la pure opération de capital-développement au LBO majoritaire. « La définition du cahier des charges est essentielle, insiste Guillaume Capelle. Outre les attentes en termes de valorisation, il faut déterminer le profil de l’investisseur recherché en fonction du projet de l’entreprise. Il existe une très grande variété de fonds sur la Place, et au sein même d’une société de gestion, les approches peuvent être un peu différentes d’un directeur à l’autre. »

Choisir l’investisseur

A l’heure du choix, les chefs d’entreprise privilégient avant tout un investisseur connaissant leur domaine d’activité : la recherche d’une expertise sur leur métier est en effet citée par 64 % des patrons interrogés. Les fonds l’ont bien compris et multiplient les approches sectorielles, en particulier dans la santé et les technologies de l’information (IT). « Un dirigeant souhaite un investisseur qui parle le même langage que lui, et capable de lui ouvrir un réseau pertinent », souligne Nicolas du Rivau.

Deuxième critère étudié par les futures participations : le partage de valeurs communes (58 %). Libre à chacun de mettre derrière cette expression un peu fourre-tout ce qui lui tient à cœur : le besoin d’une confiance mutuelle certainement, mais aussi, probablement, pour de plus en plus de chefs d’entreprise la prise en compte des enjeux ESG (environnementaux, sociétaux et de gouvernance). Là encore, les sociétés de gestion, du moins les plus grosses, se sont équipées en recrutant des responsables RSE (responsabilité sociétale des entreprises) ainsi que des operating partners. De profils très divers, ces derniers proposent leur appui aux sociétés en portefeuille sur des sujets aussi variés que la transformation des organisations ou la digitalisation. Une compétence qui peut faire mouche : 30 % des dirigeants déclarent rechercher un accompagnement au-delà du financier.

*« Perception des TPE/PME envers les fonds d’investissement », juin 2022.

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