
Les malheurs de SVB jettent un froid sur la tech américaine

Les difficultés de financement que rencontrent depuis plusieurs mois les start-up de la tech ont fait leur première victime. La survie de la Silicon Valley Bank (SVB), le premier partenaire bancaire de l’écosystème tech américain, est menacée. En cause, son exposition démesurée à des start-up dont le modèle repose depuis plusieurs années sur de multiples tours de table auprès de fonds de capital-risque, leur permettant d’investir massivement dans leur développement commercial sans se soucier de dégager de la rentabilité à moyen terme. Malheureusement pour SVB, la hausse des taux d’intérêt engagée l’an passé a fortement pesé sur les valorisations de ces entreprises tech et a par conséquent ralenti les levées de fonds des start-up.
Mais bon nombre d’entre elles n’en ont pas suffisamment pris la mesure et ont continué à brûler du cash à un rythme effréné. «Les dépenses de nos clients restent deux fois plus élevées que les niveaux d’avant 2021 et ne se sont pas ajustées à l’environnement de levée de fonds ralenti», a expliqué SVB. Résultat, les dépôts des clients de SVB ont fondu à grande vitesse ces derniers mois. «Les start-up ont moins levé donc il y a moins de dépôts chez SVB. Mais elle avait reçu énormément de dépôts en 2020 et 2021 qu’elle avait placé sur des titres à long terme, à des taux qui ne sont plus aussi intéressant aujourd’hui. Elle souffre donc d’un déséquilibre qui provoque cette crise de liquidité», explique Reza Malekzadeh, general partner chez Partech. Selon l’investisseur, les difficultés de la tech américaine ne devraient pas pour autant rejaillir sur les autres grandes banques. «Les autres banques sont moins exposées que SVB à ce secteur et sont beaucoup plus diversifiées. Les problèmes rencontrés par SVB sont davantage dus à sa propre gestion qu’au secteur de la tech», ajoute-t-il.
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Financement plus cher
Pour l’écosystème tech en revanche, le cas SVB pourrait avoir des répercussions. «Psychologiquement, c’est un coup de massue car tout le monde réalise à quel point tout ceci peut se révéler fragile», déclare Scott Orn, directeur des opérations de Kruze Consulting, dans des propos rapportés par CNBC. «Si la banque fait faillite, les dépôts des sociétés au-delà des 250.000 dollars garantis par l’Etat américain seront perdus. Beaucoup de fondateurs étrangers présents aux Etats-Unis ont aussi leurs avoirs chez SVB car c’est l’une des seules banques qui leur prête à leur arrivée malgré l’absence d’historique de crédit », indique Reza Malekzadeh. Ce qui a d’ailleurs poussé certains grands noms de Wall Street, Bill Ackman en tête, à appeler les entreprises concernées à retirer au plus vite leur argent de la banque, au risque d’accentuer encore la panique bancaire. «Pour les start-up qui ont beaucoup de dépôts dans cette banque, cette affaire va leur permettre de réfléchir à une nouvelle stratégie de gestion de leur trésorerie», estime Eileen Burbidge, fondatrice de Passion Capital, sur Bloomberg TV.
A côté des comptes de dépôt, SVB est également l’un des principaux pourvoyeurs de ‘venture debt’ outre-Atlantique, c’est-à-dire des prêts basés sur les performances financières des start-up et sur leurs futures levées de fonds. D’après Pitchbook, les volumes de prêts accordés par SVB ont augmenté de 77% entre 2016 et 2021 pour atteindre 5,5 milliards de dollars. Les volumes disponibles de venture debt, qui viennent souvent compléter une levée de fonds, risquent donc de s’assécher même s’il existe d’autres acteurs présents sur le segment. «Perdre un prêteur majeur sur le marché de la venture debt pourrait entraîner une hausse des coûts de financement», craint Scott Orn. L’époque où la tech américaine se finançait sans effort est bel et bien révolue.
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