
Le spécialiste du béton Consolis inquiète l’agence de notation S&P

Les temps sont de nouveau durs pour Consolis. Le spécialiste français des structures en béton préfabriqué, détenu par le fonds Bain Capital depuis 2017, vient d’être dégradé par l’agence de notation S&P Global Ratings. Celle-ci a abaissé d’un cran la note attachée à la holding du groupe, Compact Bidco, en la faisant passer de B- à la catégorie CCC+. Une note qui reste assortie d’une perspective négative, laissant craindre d’autres dégradations à l’avenir.
Comme d’autres acteurs de la construction - promoteurs, foncières, etc. -, Consolis paie d’abord le retournement du marché en Europe. Particulièrement en Europe du Nord, où il réalise plus de 50% de son chiffre d’affaires, qui a frôlé 1,3 milliard d’euros l’an dernier. S&P s’attend à ce que les revenus de l’entreprise baissent de 17% à 19% cette année, pour une marge d’Ebitda comprise entre 5,5% et 6%. Le 21 juillet, Consolis avait fait état d’une chute de 22% sur un an de ses ventes au deuxième trimestre, à 265 millions d’euros, en raison de la très faible demande enregistrée sur le marché de l’immobilier résidentiel.
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L’environnement de taux plus élevés et le coup de frein sur l’immobilier étant partis pour durer au moins jusqu’en 2024, le mur de la dette s’élève. Le levier de Consolis pourrait atteindre 9 fois l’Ebitda ajusté cette année, selon S&P. «Consolis pourrait ne pas être en mesure de dégager assez de cash flows libres pour rembourser son prêt dû en mai 2025, et nous ne nous attendons pas à un refinancement dans les prochains trimestres en raison des conditions macroéconomiques difficiles», écrit l’agence.
Un pool de banques françaises
En quête de liquidités alors que le coût de ses matières premières s’envolait, le groupe avait signé en juillet 2022 un term loan de 30 millions d’euros arrivant à échéance le 31 mai 2025. Cette facilité super-senior facturée au taux Euribor +700 points de base et consentie au profit de certaines entités du groupe, aurait été accordée par le fonds crédit Arini. Ce dernier serait par ailleurs investi dans la dette obligataire de Consolis, qui a émis en 2021 pour 300 millions d’euros d’obligations de maturité mai 2026 et portant un coupon de 5,75%. Ces titres traitent désormais à moins des deux tiers de leur valeur nominale.
La dette de Consolis comprend aussi 50 millions de PIK loans, des prêts à intérêts composés. Enfin, le groupe bénéficie d’une facilité de crédit revolving mise en place jusqu’en novembre 2025 : BNP Paribas, LCL, Natixis, la Société Générale et Nordea composent le pool de banques.
«La structure de capital de Consolis n’est pas soutenable», conclut S&P Global Ratings. Ce ne serait pas la première fois dans l’histoire du groupe. Repris par LBO France en mars 2007, juste avant l'éclatement de la bulle du crédit, Consolis avait pris de plein fouet le retournement de l'économie, comme bon nombre d’acteurs des matériaux de construction. Sa dette avait dû être restructurée en 2011 et 2013. Un an après avoir délesté LBO France de Consolis, Bain Capital avait lancé le processus de cotation de l’entreprise à la Bourse de Paris. Mais le projet, qui devait s’accompagner d’une augmentation de capital, a été abandonné en octobre 2018 alors que les marchés actions mondiaux plongeaient.
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