Le recrutement dans le private equity est confronté à des mouvements contraires

La profession, qui se segmente et internalise des fonctions, a aussi besoin de se féminiser. Mais les fonds plus fragiles pourraient se séparer de profils seniors.
Bruno de Roulhac
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Les fonds de private equity durcissent les conditions de départ, afin d'empêcher les talents de rejoindre la concurrence.  -  AdobeStock.

Mouvements attendus dans le monde du private equity (PE). Avec l’incertitude économique et l’assèchement du marché de la dette, une sélection naturelle va s’opérer dans l’industrie, avec des consolidations, des adossements, voire des disparitions d’acteurs, anticipe le cabinet Segalen+Associés. Aussi, les fonds aux performances les plus fragiles pourraient se séparer de certains membres.

Dans cette perspective, les seniors expérimentés mais pas encore partners, qui coûtent cher, sont particulièrement sur la sellette. Parallèlement, les fonds durcissent les conditions de départ, afin d’empêcher les talents de rejoindre la concurrence. Ils utilisent notamment les clauses de non-concurrence, de « bad leaver », les remboursements d’avance faits par les fonds pour acquérir du carried interest, durcissement des clauses de « vesting », de 4/5 ans à 8/9 ans en moyenne ou encore le rachat de bonus par l’employeur concurrent pour les jeunes restées moins de trois ans en poste.

D’ailleurs, cette rotation des investisseurs dans les équipes de PE s’est quasiment arrêtée. Si 43% des investisseurs de plus de 10 ans d’expérience – sur un échantillon de 50 fonds de PE – ont changé d’employeurs sur la période 2019-2022, le turn-over est tombé à 4% en 2022.

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Féminiser les équipes

Pour autant, le secteur du PE a besoin de recruter. Avec un premier enjeu, féminiser les équipes, notamment sous la pression des LP (investisseurs). Si la France est plutôt en avance avec 34% de femmes dans les équipes d’investissement contre environ 20% en 2018, la parité n’est pas encore là. Surtout, seules 8% sont partners. « Il faut davantage convaincre les femmes », précise Jeanne Segalen, consultante chez Segalen. « Elles ont davantage d’attrait pour les petites équipes et l’expertise sectorielle que pour les techniques financières », ajoute Emma Galatry, consultante chez Segalen.

De plus, la segmentation du PE, entraînant une course à la différenciation entre les fonds, l’attractivité croissante de la place parisienne, et l’internalisation de fonctions autrefois externalisées créent un appel d’air. Notamment, les LP demandent des experts RSE pour mettre des indicateurs clés dans les sociétés en portefeuille et pour regarder les dossiers sous cet angle. Les fonds s’entourent aussi de plus en plus de senior advisors, souvent des anciens dirigeants, qui apportent une expérience et une notoriété.

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