
Le football européen est le nouveau terrain de jeu du private equity

La crise du Covid a sérieusement rebattu les cartes au capital des clubs de football européens. La chute de leurs revenus causée par la fermeture des tribunes des stades pendant les matchs en raison de la pandémie a conduit leurs propriétaires à rechercher des financements extérieurs ou simplement à vendre, entraînant une hausse significative des opérations de M&A, rapporte Pitchbook dans une étude dédiée aux équipes des cinq grands championnats européens (Angleterre, Allemagne, Espagne, Italie et France).
Le fournisseur de données indique que le montant cumulé des transactions concernant l’échantillon de 98 clubs étudié est passé de 66,7 millions d’euros en 2018 à 4,9 milliards en 2022, année où les valorisations ont dépassé pour la première fois la barre du milliard d’euros. La plus importante opération à ce jour concerne la vente du club londonien de Chelsea pour 3 milliards à un consortium d’investisseurs mené par Todd Boehly, le patron de la société d’investissement américaine Eldridge Industries, tandis que l’AC Milan a été repris par le fonds Redbird Capital Partners, également américain.
Un marché dominé par les fonds américains
Au total, 35,7% de ces clubs comptent, comme parties prenantes, des fonds de private equity, de venture ou de dette privée, qu’il s’agisse de positions majoritaires ou minoritaires. Et l’influence est très américaine, puisque plus d’un tiers de l’échantillon compte des investisseurs d’outre-Atlantique. Au sein de ces 34 clubs, 21 sont directement financés par des fonds de private equity, les autres étant soutenus par des particuliers fortunés, des fonds de capital-risque ou des entreprises.
Pitchbook explique cette emprise du private equity américain sur le football européen par le fait que 60% des encours de la classe d’actifs se situent aux Etats-Unis, que les fonds dédiés aux sports s’y sont multipliés dernièrement et s’intéressent à l’Europe, et que les Américains apprécient de plus en plus le football à pratiquer ou à regarder. Sur les 34 clubs recensant des investisseurs américains, 19 les ont accueillis au cours des cinq dernières années, le championnat anglais étant la cible privilégiée puisque la moitié des clubs ont des américains au capital.
Pitchbook rappelle que l’univers du football s’insère bien dans la stratégie de diversification des fonds, puisqu’il est plutôt décorrélé des cycles financiers. Il résiste bien aux récessions en raison de contrats de diffusion et de sponsoring signés sur plusieurs années. De quoi venir atténuer la potentielle chute des ventes de produits commerciaux (maillots, écharpes, etc.) en retournement de cycle.
Nouveau record en vue
La multi-propriété de clubs est la stratégie privilégiée des fonds qui investissent dans le sport, répliquant l’habituel buy-and-build cher au private equity dans les secteurs plus traditionnels. Le fonds de Miami 777 Partners a pris des participations dans sept clubs de football au cours des deux dernières années (dont le Red Star en France), tandis que Silver Lake est au capital du City Football Group, lui-même actionnaire de 13 clubs à travers le monde dont, en Europe, le dernier vainqueur de la Ligue des Champions Manchester City, le club espagnol de Girone, l’italien Palerme et Troyes en France.
Fort de cette dynamique, le marché devrait battre un nouveau record d’activité en 2023, selon Pitchbook. Le montant des transactions pourrait dépasser les 10 milliards d’euros si les opérations attendues voient le jour. Notamment la vente de Manchester United en cours depuis plusieurs mois, qui pourrait atteindre 5,5 milliards d’euros. Des rumeurs d’une vente totale ou partielle courent également au sujet des clubs de Liverpool, Everton, l’Inter Milan, le Hellas Verone, Angers ou encore Monaco.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse