
Le capital-investissement peut mieux faire pour la mixité

Peut mieux faire. Deloitte et France Invest ont publié les résultats de leur 9e enquête sur la mixité dans le capital-investissement, menée auprès de 112 sociétés en France. Les rédacteurs de cette étude relèvent que si la proportion de femmes présentes dans les comités exécutifs de cette industrie a tendance à augmenter d’année en année, elle reste tout de même à un niveau de seulement 20%. Cette proportion est tout juste supérieure aux 18,2% de femmes dans les comités exécutifs des sociétés du CAC 40, selon les données du site Ethics & Boards cités par l’étude.
En 2018, toutes fonctions confondues, la part des femmes dans le capital-investissement atteint 40,8%, en progression de 1,8 point de pourcentage (pp) par rapport à 2017, et de 3 pp par rapport à 2010 (année où l’étude a été réalisée pour la première fois). Les équipes d’investissement (qui regroupent les membres du directoire ou du comité exécutif, les associés ou associées, les analystes chargés d’affaires et les directeurs et directrices de participations) ne sont composées que de 25% de femmes, certes en progression constante depuis 2010 où elles n’étaient que 17%, mais ce niveau reste encore faible. A l’inverse, les fonction supports et de back-office sont fortement féminisées, avec des proportions de femmes de respectivement 81% et 58%.
Les sociétés du secteur sont conscientes de ces disparités. Pour preuve, elles sont 65% à déclarer avoir un objectif de mixité dans leurs équipes d’investissements, un chiffre en progression de 9 points par rapport à 2017. «Nous observons une volonté affirmée des sociétés d’améliorer la mixité, ce qui était beaucoup moins le cas il y a encore une dizaine d’années», note Frédérique Lévêque-Chenevoy, associée Transaction Services chez Deloitte. «Beaucoup de sociétés ont d’ailleurs mis en œuvre des actions concrètes pour cela», complète Alexandra Dupont, présidente du Club Invest avec Elles de France Invest et directrice associée chez Raise.
Malgré cela, les sociétés de capital-investissement ne sont que 11% à avoir mis en place des outils de mesure chiffrés de ces objectifs. Les 54% restants «souhaitent» parvenir à davantage de mixité, mais sans avoir d’objectifs quantitatifs. Ces bonnes intentions affichées sont d’ailleurs mises à mal par le fait qu’en 2018 seulement 24% des promotions dans les équipes d’investissements concernent des femmes, tous grades confondus, en baisse par rapport aux 26% observés en 2017 et loin du plus haut, à 31%, de 2014.
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Paris - Le temps excessif passé sur les réseaux sociaux et certaines plateformes pourrait, en dégradant la santé mentale et les capacités cognitives des enfants, coûter jusqu'à 2,3 points de PIB par an à la France à l’horizon 2060, selon une récente étude. Mis en ligne sur le site de ministère de l’Economie, ces travaux de l'économiste Solal Chardon-Boucaud s’efforcent, au vu d’une analyse des études scientifiques existantes, de chiffrer le coût socio-économique des effets négatifs de «L'économie de l’attention à l'ère du numérique». L’expression désigne le modèle des réseaux sociaux et de certaines plateformes numériques, conçu pour maximiser le temps passé en ligne par leurs utilisateurs, et donc les profits tirés de la publicité et la collecte de données. «Une surexposition aux écrans et l’utilisation de médias sociaux peuvent être associées à une détérioration de la qualité du sommeil et à une plus forte prévalence de troubles psychologiques» -dépression, anxiété, stress chronique-, aux impacts économiques déjà observables, rappelle l'étude. Ils proviennent «d’un effet direct lié à la sollicitation numérique -génération d’hormones du stress- et des fonctionnalités de certains outils, comme les comparaisons sociales sur les réseaux sociaux», résume-t-elle. Selon l’Insee, 57% des moins de 20 ans déclarent ainsi ressentir au moins l’un des effets néfastes des écrans (réduction du temps de sommeil...). Cet impact sur la santé mentale, additionné à la perte de temps productif liée aux usages numériques (interruptions fréquentes, exécution ralentie...), coûterait déjà aujourd’hui «0,6 point de PIB», estime l'économiste. Cela pourrait grimper à 2,3 points de PIB par an en diminuant, à l’horizon 2060, la productivité française: les enfants aujourd’hui surexposés aux écrans - les 30% des 12-17 ans qui passent plus de 35 heures par semaine devant un écran, selon le Crédoc - entreront alors sur le marché du travail. Nombre d'études montrent déjà qu’une «forte exposition aux écrans dès le plus jeune âge, et en particulier l’utilisation des réseaux sociaux et du smartphone, a un impact particulièrement fort sur les capacités d’attention, de mémorisation et les compétences langagières», rappelle l’expert. Les élèves utilisant «le smartphone à l'école plus de 3 heures par jour ont des scores en mathématiques entre 30 et 50 points inférieurs» à ceux l’utilisant moins de 2h quotidiennes, selon l'étude PISA 2022, relève-t-elle. Et les effets potentiels de l’IA générative ne sont pas encore intégrés: en demandant un effort moindre, son utilisation pourrait à long terme entraîner une «dette cognitive» (esprit critique et créativité moindres), selon une étude. © Agence France-Presse -
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