Visa veut étendre son emprise sur les paiements

Le groupe américain a annoncé l’achat, pour 1,8 milliard d’euros, de la fintech Tink. Objectif : offrir davantage de services de banque ouverte.
Pauline Armandet

Visa ne lâche pas l’affaire. Le géant américain du paiement a annoncé l’achat de la start-up suédoise Tink, spécialisée dans l’open banking, pour la coquette somme de 1,8 milliard d’euros. «Nous offrirons une valeur accrue aux consommateurs et aux entreprises européens avec des outils permettant de rendre leur vie financière plus simple, plus fiable et plus sûre», a indiqué Al Kelly, le patron de Visa, dans un communiqué.

Ce rachat «n’est pas étonnant, c’est dans la stratégie de Visa d’étendre son emprise sur les services de paiement, à l’instar de son concurrent Mastercard. Les deux se livrent une course à la taille pour obtenir le plus grand nombre de connexions avec les banques», estime Angelo Caci, directeur de la société de conseil Syrtals Cards & Beyond. Lancée en 2012, Tink est intégrée à plus de 3.400 banques et institutions financières. Ses clients peuvent accéder à des données financières agrégées, réaliser des transactions ou encore créer des outils de gestion financière personnelle.

Faire accélérer l’adoption de l’open banking

Avec ce rachat, Visa ambitionne d’accélérer l’adoption de l’open banking en Europe, en garantissant une plateforme «sécurisée et fiable pour l’innovation», précise le communiqué. Visa assure avoir trouvé «un partenaire solide» sur lequel accélérer sur l’open banking «au profit de nos clients communs et des citoyens du Royaume-Uni et de l’UE, tout en investissant dans des emplois technologiques hautement qualifiés sur le continent», précise Charlotte Hogg, patronne de Visa Europe.

Bien qu’il soit prépondérant, le modèle de la carte vanté par Visa et MasterCard a été remis en cause par la DSP2 et le développement de l’open banking. Avec ce rachat, Visa pourra ainsi disposer d’une nouvelle offre basée sur l’initiation de paiement, du virement au paiement instantané. Sur ce créneau, son concurrent Mastercard a un temps d’avance, avec le rachat de la start-up Vocalink en 2017. Autre segment sur lequel Visa compte capitaliser : l’agrégation de comptes, qui lui permettra de lancer plusieurs services, du conseil budgétaire et patrimonial en passant par de la comptabilité pour les entreprises. «Cette décision est bonne pour Tink et excellente pour Visa. Toutefois, les systèmes de cartes sont confrontés à des pressions en Europe, notamment par le biais de l’Initiative européenne pour les paiements (European Payments Initiative), de sorte que l’appétit des banques pour le passage de Tink sous le contrôle des systèmes de cartes et sous celui des États-Unis sera modéré», note Jacob Morgan, analyste principal chez Forrester.

Si Tink conservera un maillage en Europe, entre sa marque, son équipe de direction et son siège social à Stockholm qui restent inchangés, «il n’est pas impossible qu’ils puissent aller au delà grâce à l’appui de Visa. Visa va d’abord promouvoir ses services sur le marché européen, et il est fort probable qu’ils aillent au-delà, à un moment ou un autre», estime Angelo Caci.

Il y a un an, Visa avait cherché à acheter pour 4,4 milliards d’euros Plaid, le concurrent principal de Tink qui revendique être connecté avec 11.000 institutions financières. Il avait finalement dû abandonner ce projet en raison des réticences des autorités américaines de la concurrence. En rachetant Tink, Visa revient ainsi à la charge avec un acteur solide. Mais réussira-t-il cette fois ? Si Tink reste plus petit que Plaid, récemment valorisée 13,4 milliards de dollars, la décision est entre les mains du régulateur européen.

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