
Vingt banques européennes s’apprêtent à lancer leur propre standard de paiement
Enfin, l’Union européenne pourrait bientôt avoir son propre standard de paiement. Le projet interbancaire européen EPI (European Payments Initiative, ex-Pepsi) serait annoncé dès ce jeudi ou ce vendredi, selon Les Echos. Ce projet, esquissé en février 2019, promis pour fin mars, soutenu par la Banque Centrale Européenne (BCE) ainsi que par la Commission européenne (CE), commence donc à se concrétiser. Il regroupe à ce jour vingt banques européennes - dont toutes les grandes banques françaises, Deutsche Bank et Commerzbank en Allemagne, Santander en Espagne ou Intesa Sanpaolo en Italie.
L’enjeu : élaborer rien de moins qu’un nouveau standard d’interbancarité européen pour traiter les paiements par carte, mais aussi les virements, et les paiements instantanés ou mobiles. Et ce en évitant les réseaux (schemes) américains Visa ou MasterCard. «Les paiements par carte représentent 55% des paiements digitaux en Europe, et pourtant toutes les cartes bancaires sont brandées Visa et Mastercard», précise à L’Agefi Christophe Vergne, responsable des solutions paiement chez Capgemini Global Financial Services.
Le projet remonte à bien avant 2019. Il trouve ses fondements dans le projet Money, lancé il y a dix ans, «déjà pour reprendre la main face à Visa et Mastercard. Il ne s’était pas fait car le régulateur avait refusé que les banques conservent des commissions d’interchange», se souvient Christophe Vergne.
Basé sur le système TIPS
On devrait en savoir davantage cette semaine sur l’organisation de ce nouveau système interbancaire européen, mais il est déjà acquis qu’il s’appuiera sur les structures déjà existantes, tel le groupement Cartes Bancaires CB dans l’Hexagone. Le système européen de paiement instantané TIPS (Target instant payment settlement),lancé fin 2018 par la BCE, sera conservé. Son modèle économique sera basé sur les commissions d’interchange. En lançant maintenant EPI, les organes bancaires européens misent à plein sur l’aura de la BCE.
Contrer les ambitions de Facebook et consorts
Il s’agit aussi de retrouver la souveraineté européenne dans les paiements, face aux grandes ambitions des nouveaux acteurs, en particulier des géants technologiques américains, tels Amazon et Facebook, sur ce marché. Et qui veulent imposer leurs standards.
Déjà «l’affaire Swift, après les attentats du 11 septembre 2001, avait montré que les Etats-Unis pouvaient récupérer des données bancaires européennes», rappelle Christophe Vergne. La presse américaine avait révélé en 2006 que la CIA a mis au point un programme clandestin de contrôle des transactions bancaires – via la société belge Swift - opérées par des Américains et des étrangers.
Le projet de cryptomonnaie libra, annoncé par Facebook il y a un an, est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase auprès des banquiers centraux et des régulateurs : le premier réseau social au monde, fort de 2,6 milliards d’utilisateurs actifs mensuels, avait potentiellement le pouvoir de battre monnaie et de remettre en cause la souveraineté des banques centrales dans le paiement.
Reste à imposer ce nouveau système de paiement, qui couvrira l’ensemble des flux, nationaux et transfrontières. Et à inscrire dans le paysage une nouvelle marque européenne, qui devra trouver sa place dans les usages des consommateurs face à Visa et Mastercard.
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