Unilend est en cessation de paiements

Le pionnier du prêt participatif se trouve en procédure au Tribunal de commerce, avant une éventuelle reprise ou une liquidation.
Capucine Cousin

Un des pionniers du prêt participatif pourrait mettre la clé sous la porte. Unilend est en cessation de paiements, évoquait hier le site Crowdlending.fr, ce dont L’Agefi a eu confirmation, auprès de plusieurs sources proches. Son fondateur, Nicolas Lesur, n’a pas retourné nos appels. La plate-forme est actuellement en procédure au Tribunal de commerce, en attente de nomination d’un liquidateur, pour une éventuelle liquidation judiciaire. Dans l’immédiat, comme toutes les plates-formes, elle bénéficie «obligatoirement d’un plan de gestion extinctive prévu par les textes via l’ACPR», précise Stéphanie Sahel, présidente de l’association Financement Participatif France – sans se prononcer sur le cas spécifique d’Unilend. Factuellement, «les flux financiers passent par des prestataires de services de paiement. Donc les prêts, pour ce qui concerne les plates-formes de prêts, continuent et sont gérés par le partenaire désigné. Ainsi, les prêteurs ne seront en aucune manière lésés si une plate-forme cesse son activité», poursuit-elle. Ici, SFPMEI assure la continuité du paiement aux prêteurs.

Ce champion tricolore du crowdlending avait été le premier à se lancer en 2013, en proposant aux emprunteurs d’accéder à une nouvelle forme de financement direct via des prêts consentis par des investisseurs particuliers et institutionnels. Ceux-ci pouvant ainsi diversifier leurs placements en prêtant directement aux PME. Il avait bouclé deux levées de fonds, 8 millions d’euros en 2015, puis 2,5 millions en 2016 auprès de New Alpha, spécialisé dans les fintech.

Mais le marché bruissait depuis plusieurs mois des difficultés d’Unilend. Nicolas Lesur n’a peut-être pas su prendre le virage au bon moment. «Cela consistait soit à se vendre à un fonds et récupérer plusieurs dizaines de millions d’euros de fonds propres, soit à se vendre à une banque de détail, et avoir des projets qui rentrent tout seuls», confie à L’Agefi une source proche du dossier. «Cet été, il a eu une négociation qui s’est mal terminée avec un gros actionnaire potentiel», poursuit cette source.

Peut-être, aussi, n’a-t-il pas su décrocher de partenariat au bon moment. «C’était le pionnier, mais le problème est que les prêteurs étaient essentiellement ‘retail’, et ils coûtent très cher à recruter. Pour que le modèle crowd fonctionne, il faut avoir des prêteurs institutionnels. Unilend avait essayé de le faire en signant un accord avec Groupama, mais apparemment il n’a jamais été franchement déployé», précise un concurrent. Reste à savoir s’il trouvera un repreneur : «Le dossier a tourné sur la place, personne n’a voulu racheter», note ce même concurrent.

Un évènement L’AGEFI

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