
Silvr lève 67 millions d’euros en dette auprès de Citi et Channel Capital

Le ‘revenue based financing’ a le vent en poupe et Silvr sait en tirer parti. La jeune start-up spécialisée dans le financement à court terme des petites entreprises annonce avoir levé 67 millions d’euros en dettes auprès de deux nouveaux investisseurs : la banque américaine Citi et Channel Capital, un fonds alternatif. L’opération, qui prend la forme d’une titrisation, pourra monter jusqu’à 200 millions d’euros.
Cette nouvelle étape arrive un an après une précédente opération qui avait permis à Silvr de lever 112 millions d’euros auprès de Smart Lenders pour financer ses prêts. «Notre objectif est de multiplier par deux le montant de financements aux entreprises d’ici à fin 2024, expose Benjamin Soussan, chief capital officer de Silvr. Ce qui est un vrai défi car les conditions de marché sont plus difficiles désormais. Et nous souhaitons continuer à développer cette collaboration avec nos investisseurs sur le long terme. »
A lire aussi: TRÉSORERIE - Les PME en rêvaient, les fintechs l’ont fait
Processus revus
Car pour convaincre Citi et Channel Capital, Silvr a dû se mettre au niveau de leurs exigences concernant les processus internes et l’évaluation du risque de crédit, d’autant plus que les entreprises cibles de Silvr, des PME œuvrant dans le monde digital, ne font pas partie de leur champ habituel de couverture. Mais, grâce à la technologie de Silvr, ils ont sauté le pas. Celle-ci repose sur l’accès aux données des entreprises en temps réel (comptes bancaires, ERP, logiciels de comptabilité…) et sur leur analyse par leur propre modèle algorithmique afin d’établir un profil de risque de crédit fiable.
Une méthode qui évite la fraude et permet une analyse très rapide, tout en laissant la place à l’humain : une fois passés par le processus automatisé, les dossiers sont transmis à l’équipe d’une dizaine d’analystes crédit qui prennent la décision finale. Une exigence de la part des investisseurs qui ont réalisé la due diligence durant 18 mois avant de prendre la décision de financer Silvr. Sur le plan réglementaire, la fintech a également dû obtenir un agrément de mandataire en opérations de banque et en services de paiement (MOBSP).
Les remboursements s’opèrent selon deux méthodes : à un rythme hebdomadaire en fonction des ventes réalisées sur la période, sur une durée de trois à douze mois, et/ou par échéances fixes étalées sur 9 à 12 mois. Le taux de défaut reste en-dessous de 3% sur une base annuelle. «C’est satisfaisant pour nous, car les entreprises plus jeunes montrent en général des taux plus élevés, souligne Benjamin Soussan. C’est pourquoi notre sélection est très rigoureuse pour qu’un maximum d’entreprises obtienne un prêt à la fin du processus. » Sur cent demandes de crédit, seulement cinq aboutissent à l’octroi d’un crédit.
A lire aussi: Les fintechs s’appuient sur l’écosystème des petites entreprises pour les financer
Elargir la cible
En trois ans d’activité, Silvr a ainsi octroyé 150 millions d’euros de prêts à plusieurs centaines d’entreprises pour financer des dépenses de marketing, des recrutements, des stocks… Une formule qui plaît puisque les deux tiers des entreprises reviennent se financer chez Silvr. « Le challenge de 2023 a été d’élargir notre cible aux entreprises non digitales, dont la moitié rencontre de grandes difficultés à se financer, ajoute Benjamin Soussan. Pour réaliser notre analyse de risque, nous avons adapté notre technologie pour collecter d’autres données, issues par exemple du logiciel de paie ou de comptabilité, et avons ajusté notre modèle. » Ce qui devrait élargir la clientèle et stimuler la croissance.
Silvr s’est aussi installé en Allemagne fin 2022 et a dû obtenir deux licences pour pouvoir exercer localement. Environ 25 prêts ont été octroyés pour 10 millions d’euros. L’entreprise a levé 18 millions d’euros en equity l’année dernière et s’apprête à lancer une série B en 2024. De quoi renforcer sa présence outre Rhin et préparer ensuite son entrée dans d’autres pays au nord de la France.
Plus d'articles du même thème
-
La trajectoire budgétaire de l'Italie remet sa dette sous tension
La révision à la baisse des prévisions de croissance et le coût toujours exorbitant des baisses d'impôt font déraper les déficits italiens. L'écart de taux avec l'Allemagne se creuse à nouveau. -
ChapsVision annonce une levée de fonds de 90 millions d’euros menée par Qualium
Grâce cette levée, l’entreprise française spécialisée dans le traitement de la donnée souhaite accélérer son développement sur le marché européen à travers des acquisitions ciblées. -
Le Crédit Agricole s'offre Worklife pour étoffer sa gamme d'avantages salariés
La banque mise sur cette start-up spécialisée pour moderniser ses offres d’épargne salariale et de santé collective auprès des entreprises clientes.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

LGIM lance un ETF sur les meilleures marques au monde
- Aucune banque française ne figure parmi les 40 marques européennes les plus valorisées
- L’étau se resserre autour de la fiscalité du patrimoine
- Rattrapé par des suspicions sur Credit Suisse, UBS décroche en Bourse
- ADP, Vinci et Eiffage affichent leur confiance face à la menace de surtaxe
- Coty entrera jeudi à la Bourse de Paris
Contenu de nos partenaires
-
A boulets rouges
Sophie Binet déclare la guerre aux patrons
La nouvelle secrétaire générale de la CGT joue le rapport de force face aux chefs d'entreprise tant dans les réunions ministérielles que sur les piquets de grève -
Activisme
Sophie Binet (CGT): «Faire peur aux patrons les incite à négocier davantage»
La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet explique son rapport aux patrons et sa vision d'un pays soumis selon elle à un « néolibéralisme économique autoritaire » – un positionnement de combat -
Forteresse
Le RN fait son retour au Sénat, dominé par la droite
Si la majorité de droite reste solide au sein de la Haute assemblée, le scrutin a été marqué par la progression du RN, et d'Horizons, la formation d'Edouard Philippe