PayPal est chassé du nid par une fintech plus jeune

Le spécialiste des paiements en ligne devra survivre sans l’apport d’affaires de son ancienne maison mère eBay, qui lui a préféré la jeune fintech Adyen.
Jade Grandin de l’Eprevier

Membre phare de la première génération de fintech du début des années 2000, PayPal est déjà contraint de se réinventer face à ses cadets. A partir de 2020, le spécialiste des paiements en ligne ne sera plus le principal système de paiements de son ancienne maison-mère, eBay, qui l’avait racheté en 2002. Mercredi soir dernier, le site d’enchères a annoncé qu’il lui préférait Adyen, une start-up fondée en 2006 à Amsterdam, qui travaille notamment avec Facebook, Netflix, Spotify ou encore Uber. Le groupe eBay a rompu son partenariat de quinze ans avec PayPal pour une solution «plus intégrée», donnant plus d’options aux acheteurs, et moins chère pour les commerçants. Il estime récupérer 2 milliards de dollars en revenus annuels additionnels et 500 millions de dollars en profit opérationnel. Pour comparaison, PayPal a enregistré un bénéfice net de 1,8 milliard de dollars en 2017.

Même si le directeur général de PayPal Dan Schulman a assuré que la transition serait «plutôt gérable», beaucoup d’analystes et investisseurs ont été surpris. Les actions PayPal ont perdu jusqu'à 12% de leur valeur jeudi dernier. Il faut dire qu’elles s’échangent à environ 30 fois les bénéfices estimés de 2019. «C’est un revers majeur pour PayPal», a commencé dans une note D.A. Davidson. «Même si la part des revenus apportés par eBay a diminué avec les années, la part des profits est bien plus importante, à cause des termes du [divorce]» entre les deux entreprises en 2015. Parallèlement, le concurrent «Adyen est propulsé à une position bien plus significative».

L’activité d’eBay a largement alimenté la croissance de son ancienne start-up. En 2010, PayPal ne réalisait que très peu de paiements mobiles, dont 80% venaient des applications eBay. Trois ans plus tard, le volume de ses paiements mobiles avait été multiplié par 40 pour atteindre 27 milliards de dollars. Au total, au quatrième trimestre 2017, eBay apportait 13% du volume de paiements de PayPal, contre 16% l’année précédente. Aujourd’hui, le segment d’activité de PayPal qui croît le plus vite est son application gratuite Venmo, sorte de WhatsApp des paiements. Elle lui apporte 8% de ses volumes, mais ne produit pas de recettes.

PayPal a néanmoins des bénéfices à tirer de son indépendance. Ses liens avec eBay l’avaient empêché de nouer des partenariats étroits avec d’autres e-commerçants comme Amazon. En outre, de récents partenariats avec Visa et MasterCard l’aideront, «avec le temps, à augmenter sa taille et ses marges», soulignent les analystes de Wedbush Securities.

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