
L’open banking aborde les offres aux entreprises
Après les particuliers, voilà que les entreprises commencent à bénéficier des nouveaux usages apportés par l’open banking. Prévue par la directive sur les Services de paiement DSP2 en vigueur depuis 2018, l’obligation pour les banques d’ouvrir l’accès à d’autres acteurs des données des comptes courants – quand leurs clients y consentent – aura mis du temps à dessiner de nouvelles perspectives pour les entreprises. La question est liée à l’utilisation des API (interfaces de programmation applicative) où les banques exposent leurs données. « Les solutions de connexion via les API ouvrent des possibilités d’échanges intéressantes et en temps réel pour les PME ou ETI. L’open banking offre aux entreprises une solution d’accès aux services financiers pour leur trésorerie beaucoup plus facile et tout le monde finira par l’utiliser, assure Pierre-Antoine Dusoulier, directeur général d’IbanFirst. Dans l’immédiat, les banques mettent encore en avant les services de connexion tels Ebics et SwiftNet sur lesquels elles ont beaucoup investi. »
Relativement lourdes à mettre en place, ces solutions restent hégémoniques pour les entreprises d’une certaine taille. « Les systèmes de messagerie entre les banques et les entreprises comme Swift et Ebics fonctionnent bien et apportent déjà depuis longtemps interbancarité et automatisation, explique Hervé Postic, directeur général d’Utsit. Mais l’open banking européen – les activités régulées par la DSP2 – apporte aux PME tout un éventail de solutions qui leur permettent de mieux travailler sur les sujets de trésorerie et plus largement financiers. »
Difficultés
Certes, les API bancaires suscitent encore des insatisfactions. « Pour les entreprises, les bénéfices de l’open banking sont conditionnés par la volonté des banques d’uniformiser leurs procédures, formats d’échange… Or les banques traînent les pieds sans le dire, leurs programmes changent et perturbent les accès », rapporte Stéphane Olmi, gérant de Gimar & Co. Les API des banques n’étant pas stables, leur utilisation reste complexe. « Les API d’open banking des banques créent souvent des difficultés de même nature que dans l’authentification forte dans les cas de montants de transactions importants, nécessitant une nouvelle identification du client, ce qui interrompt l’automatisation des transactions », déplore Pierre-Antoine Dusoulier.
La question de l’authentification forte des titulaires des comptes se pose dès que l’entreprise a plusieurs responsables utilisant les comptes. « Les API DSP2 impliquent une identification via un smartphone pour chaque paiement, ce qui n’est praticable que si seulement une ou deux personnes sont responsables de la trésorerie de l’entreprise, expose Hervé Postic. Les API des banques pour les entreprises, qui sont bien de l’open banking, sont pour l’instant propriétaires, ce qui en complexifie l’utilisation à grande échelle. Mais cela va probablement vite changer, Swift, entre autres, s’étant saisi de ce sujet. »
En attendant, on assiste d’ores et déjà au développement de solutions pour s’affranchir de cette difficulté. « IbanFirst commence à proposer des produits aux entreprises en utilisant les API des banques, annonce Pierre-Antoine Dusoulier. Nous prenons soin toutefois de travailler les API ou d’opter pour une architecture à plusieurs partenaires, comme nous l’avons fait avec Klarna Open Banking pour l’agrégation de comptes et l’initiation de paiement. » La fintech voit se multiplier les entreprises clientes de sa solution qui leur offre les mêmes services de paiement à l’international et de change qu’une banque, tout en leur faisant gagner un à deux jours de date de valeur.
Mais le plus souvent, les entreprises ne sont pas souvent en mesure de tirer profit du temps réel qu’apporte l’open banking. Ses principales utilisations se concentrent chez les entreprises du BtoC (business to consumer) qui y trouvent une meilleure connaissance clients et des actions pour les fidéliser. En outre, « les services d’open banking pour les entreprises consistent aujourd’hui surtout à faciliter leur comptabilité, leur facturation, la réconciliation de comptes », constate Christian Heinis, associé, banques et fintechs chez Roland Berger. La fintech Qonto permet même d’associer une transaction par carte aux factures correspondantes, sur la base d’une photo du ticket de paiement. « Les principales avancées de l’open banking pour les entreprises concernent les catégories des professionnels, auto-entrepreneurs et PME », confirme ainsi Ilhan Gendron, associé de TNP Consulting.
L’utilisation des informations des banques ouvre aussi de nouvelles voies dans l’initiation de paiement. Payfit, par exemple, propose au trésorier d’approuver en un clic un virement initié sur un mode automatique une fois l’échéance arrivée. « Aujourd’hui, tout le monde lorgne des usages sur la partie initiation de paiements, notamment dans les secteurs où le ticket d’achat moyen est élevé, précise Christian Heinis. Cette catégorie de services intéresserait probablement plus les entreprises mais les cas d’usage restent à développer. Tous les acteurs de l’open banking travaillent à développer des cas d’usage à plus forte valeur ajoutée. »
Et, bientôt, la question de l’accès au crédit devrait susciter aussi de nouvelles initiatives, utiles notamment quand l’entreprise n’a pas encore trois bilans à présenter. Les innovations pour les entreprises ont encore de vastes sujets à exploiter…

Plus d'articles Fintech
-
Mangopay rachète WhenThen, un spécialiste de l’orchestration des paiements
Avec ce rachat, la fintech compte offrir à ses clients marketplaces une solution de gestion des paiements complexes enrichie et des coûts réduits, grâce notamment au routage intelligent. -
Rakuten veut toucher le gros lot en mettant sa fintech en Bourse
En cédant environ 35% de Rakuten Bank, le groupe s’offre des liquidités bienvenues pour assurer le développement de sa branche non financière. -
Roundtable lève trois millions d’euros pour renforcer sa plateforme d’investissement
Cette fintech incubée chez eFounders offre un outil pour aider les business angels à structurer leurs investissements communs.
Contenu de nos partenaires
- La Société Générale présente sa nouvelle direction autour de Slawomir Krupa
- Credit Suisse entraîne le secteur bancaire européen dans sa chute
- Les actions chutent avec les banques américaines
- L’électrochoc SVB met la finance sous tension
- Credit Suisse, trois ans de descente aux enfers
- Les gérants prennent la mesure de la persistance de l’inflation
- Silicon Valley Bank : la chute éclair de la banque des start-up
- Slawomir Krupa sort la Société Générale du brouillard
- Chute de SVB : les Etats-Unis garantissent les dépôts et HSBC rachète les actifs anglais
-
Code pénal
Gilets jaunes: les délinquants, les criminels et leurs complices
Black bloc ou « simple manifestant », agissant à froid ou emporté par l’excitation collective, peu importe : les faits commis sur les Champs-Élysées relèvent du Code pénal. Taguer ou détruire du mobilier urbain fait de vous un délinquant. Voler des marchandises après avoir cassé une vitrine fait de vous un délinquant. Caillasser un fourgon de police ou tabasser un gendarme à terre fait de vous un délinquant. Mettre le feu à un kiosque ou un restaurant fait de vous un délinquant. Incendier une banque fait de vous un délinquant – et même un criminel, si les flammes ont été allumées sans se préoccuper de savoir si l’immeuble était vide de ses occupants. -
Exaspération
«Les Gilets jaunes mettent l’économie à genou»
« Les Français ne consomment plus, ils ne vont plus dans les centres-villes », déplore le président des Chambres de métier et de l’artisanat -
Signaux faibles
Gilets jaunes et violences: les lacunes de la surveillance des réseaux sociaux
Le ministre de l’Intérieur se disait, dès vendredi, en alerte sur la mobilisation de manifestants ultra-violents. Faute d’utilisation appropriée des outils numériques, cela n’a pas empêché ces derniers d’agir et de mettre les Champs-Elysées à sac.