
« Les algorithmes vont permettre d’alléger le poids des traitements de masse »
Julien Maldonato, associé conseil industrie financière, Deloitte
Comment définiriez-vous une « regtech » ?
Ce n’est pas complètement défini. Le mouvement des regtech remonte à quelques années, même si l’effervescence date de six mois. Leur champ d’action est très large, il peut avoir trait à des problématiques aussi spécifiques que le reporting réglementaire, ou bien tirer parti de technologies plus « horizontales » (voir le schéma, NDLR). Je pense en particulier à Stratumn, dont la solution de Blockchain permet d’améliorer la traçabilité des opérations dans le cadre de la lutte contre la fraude. Leur brique technologique est également en test pour faciliter la portabilité des contrats dans le secteur financier, le traçage des échanges permettant d’éviter les litiges entre établissements.
Les institutions financières se dotent-elles de moyens pour développer leurs propres solutions technologiques ?
Faute d’un microcosme français suffisant, en effet nos grands clients créent des regtech internes. Ils disposent d’équipes informatiques importantes, qui bénéficient de programmes de formation afin d’évoluer vers de nouveaux domaines technologiques, tels que la biométrie ou la Blockchain. Aujourd’hui, ces programmes sont confinés dans des directions de la R&D ou des « data labs ». Dans 10 ans, les middle-offices ou les back-offices accueilleront des programmateurs de machine learning ou des gestionnaires d’algorithmes. La « data science » sera l’affaire de tous.
A quels risques peuvent-elles s’exposer en automatisant ou en déléguant tout ou partie de leurs processus réglementaires à des regtech ?
Il va leur être difficile de transférer leur responsabilité à leurs prestataires. Même si un établissement acquiert une technologie, il lui est fait obligation de mettre en place tous les contrôles nécessaires. Les algorithmes vont permettre d’alléger le poids des traitements de masse. Les missions de contrôle n’en deviendront que plus importantes.
Les gains de productivité sont-ils mesurables ?
Le recours à une solution de génération de langage naturel telle qu’Yseop permet de décrire des données chiffrées, en paramétrant le ton et l’angle voulus. La finalisation de reportings réglementaires, tels que ceux exigés par MIF2, peut être ramenée de plusieurs semaines à quelques heures.
Quels défis ces nouveaux acteurs posent-ils aux régulateurs ?
En France, la création du pôle spécialisé « Fintech », commun à l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution et l’Autorité des marchés financiers, facilite indéniablement les échanges. Nous, contrôleurs et auditeurs, tout comme les superviseurs, devons déjà nous préparer à la prochaine génération d’algorithmes. Ceux-ci sont encore majoritairement linéaires. Demain, l’intelligence artificielle leur apportera une complexité supplémentaire, qu’il nous faudra appréhender.
{"title":"Pas encore de label regtech»,"body":{"value":"Contrairement aux fintech<\/em>, qui fournissent des services r\u00e9gul\u00e9s, les regtech <\/em>sont consid\u00e9r\u00e9es comme les auxiliaires d\u2019acteurs r\u00e9gul\u00e9s. A ce titre, elles ne sont pas soumises \u00e0 un agr\u00e9ment ou une labellisation. L\u2019Autorit\u00e9 des march\u00e9s financiers est attach\u00e9e au principe de \u00ab neutralit\u00e9 technologique \u00bb, le superviseur ne souhaitant pas se prononcer sur les choix technologiques des acteurs r\u00e9gul\u00e9s. Cependant, il examine la conformit\u00e9 des contrats d\u2019externalisation. \u00ab En cas de dysfonctionnement ou de non-conformit\u00e9, l\u2019entit\u00e9 r\u00e9gul\u00e9e conserve la pleine responsabilit\u00e9 des manquements observ\u00e9s<\/em> \u00bb, explique Sylvestre Tandeau de Marsac, avocat associ\u00e9, \u00e0 l\u2019occasion d\u2019une conf\u00e9rence organis\u00e9e par l\u2019EIFR (European Institute of Financial Regulation). Cela pourrait \u00e9voluer dans le temps, certaines regtech <\/em>ayant \u00e9mis de souhait d\u2019entrer dans une d\u00e9marche de certification de leurs services. \u00ab La r\u00e9flexion n\u2019en est qu\u2019\u00e0 ses d\u00e9buts<\/em> \u00bb, a conclu Sylvestre Tandeau de Marsac.<\/p>\n»,"format":"light_html"},"image":0,"legend":"","credit":""}
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Le premier déplacement de Sébastien Lecornu est consacré à la santé
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Wall Street conclut en ordre dispersé avant la Fed la semaine prochaine
Washington - La Bourse de New York a terminé en ordre dispersé vendredi, tournée vers la réunion de la Réserve fédérale (Fed) la semaine prochaine, qui devrait aboutir à une baisse de taux pour la première fois de l’année. Le Dow Jones a perdu 0,59%, l’indice Nasdaq a pris 0,44% et l’indice élargi S&P 500 a clôturé non loin de l'équilibre (-0,05%). «Il n’y a pas eu de donnée économique aujourd’hui et nous sommes en pleine période de silence de la Fed, donc sans commentaire susceptible d’influencer le marché», commente auprès de l’AFP Christopher Low, de FHN Financial. Certes, les investisseurs ont accueilli en début de séance un indice de confiance des consommateurs inférieur aux attentes. Mais «cela correspond à ce que nous avons observé dans d’autres enquêtes et dans les mesures de l’activité économique: le marché de l’emploi est très faible», estime M. Low. C’est précisément ce constat qui devrait pousser la banque centrale américaine à assouplir sa politique monétaire afin de donner un coup de fouet à l'économie. Le comité de politique monétaire (FOMC) se réunira à partir de mardi, et rendra sa décision quant à l'évolution des taux le lendemain. Les analystes sont unanimes: les taux directeurs de la Fed devraient diminuer d’un quart de point de pourcentage la semaine prochaine, la première baisse depuis décembre 2024. Wall Street a «intégré la baisse de taux», assure Christopher Low. Mais la place américaine «ne sait pas quel type d’orientation nous allons obtenir». A l’issue de la réunion mercredi, «nous aurons de nouvelles prévisions économiques de la Fed» ce qui permettra aux investisseurs «d'évaluer le nombre de baisses qu’elle envisage à l’avenir», anticipe l’analyste. Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à échéance 10 ans se tendait à 4,06% vers 20H25 GMT contre 4,02% la veille en clôture. A la cote, Microsoft (+1,77% à 509,90 dollars) a gagné du terrain, profitant de l’accord préliminaire avec OpenAI, à l’origine de ChatGPT. Microsoft est à la fois un actionnaire minoritaire et un partenaire commercial privilégié d’OpenAI dans lequel il a investi environ 13 milliards de dollars. Le fabricant de semi-conducteurs Micron a atteint un plus haut historique, à 157,23 dollars (+4,42%), après que les analystes de Citi ont relevé leurs anticipations sur le prix du titre de l’entreprise. Le groupe de médias Warner Bros Discovery a connu une deuxième journée d’envolée (+16,70% à 18,87 dollars) après des informations de presse publiées la veille assurant que son concurrent Paramount Skydance pourrait le racheter, et former ainsi un mastodonte du divertissement. La plateforme Gemini, spécialisée dans les cryptomonnaies, a connu une belle progression pour sa première journée à Wall Street. Fondée en 2014 par les frères jumeaux Cameron et Tyler Winklevoss, rendus célèbres par le film «The Social Network» sur la naissance de Facebook, l’entreprise avait fixé le prix de son action à 28 dollars pour son introduction en Bourse. Elle a finalement clôturé à 32,00 dollars vendredi. L’exploitant de parcs d’attractions Six Flags Entertainment (+7,77% à 23,45 dollars) profitait de l’annonce d’une fréquentation en hausse pour la période estivale et d’une forte demande pour les vacances à venir, notamment autour d’Halloween et Noël. Nasdaq © Agence France-Presse