
La Lituanie accélère dans la gestion des risques financiers

La Lituanie veut prendre les devants. «Dans le secteur des fintech, si vous ne vous souciez pas des risques, cela peut poser problème», explique Vilius Sapoka, le ministre des Finances de la Lituanie, à L’Agefi en marge des conférences du Fintech Inn, qui s’est tenu les 27 et 28 novembre à Vilnius.
En 2018, la Lituanie a délivré 113 licences à des fintech, dont Revolut et Apple Pay, contre 87 en 2017. Cela s’explique par «une réglementation favorable, d’excellentes infrastructures et des spécialistes talentueux» selon Marius Skuodis, vice-ministre de l'Économie et de l’Innovation de la Lituanie. Le nombre de fintech régulées en Lituanie a par ailleurs progressé de 45% en 2018. En 2019, le pays s’attend à recevoir 100 demandes de licences bancaires. Il espère également profiter du Brexit pour attirer d’autres pépites, devenant le premier hub européenpour les fintech.
Face à cette croissance rapide du secteur des fintech, le pays de 2,8 millions d’habitants veut renforcer sa gestion des risques financiers. Si 9 institutions publiques y travaillent, Vilnius désire aller plus loin. «En 2020, nous voulons créer un centre de partenariat public-privé dédié à la gestion des risques financiers» confie à L’Agefi Marius Jurgilas, membre du conseil de la Banque de Lituanie. «L’accent sera mis sur les risques opérationnels, la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme» ajoute-t-il. «La majorité des fintech opèrent toujours dans le paiement transfrontalier et nous devons gérer correctement ces risques», admet-il.
Les dépôts des clients sont assurés sur place
A cet égard, l’agrément bancaire décroché par Revolut en décembre 2018 questionne. Présente dans 30 pays, la néobanque britannique revendique déjà 6 millions de clients, soit deux fois plus que le nombre d’habitants en Lituanie. Et elle ne souhaite pas s’arrêter là puisqu’elle vise 12 millions de clients d’ici 2021. «La licence obtenue en Lituanie pourrait entraîner des risques financiers significatifs à moyen terme, quand la banque aura atteint une taille plus importante», s’inquiétait en mai dernier Stasys Jakeliunas, président de la commission des finances et du budget du Parlement lituanien. «Les dépôts des clients sont assurés en Lituanie, qui porte tous les risques, puisque, à ce stade, nous n’avons pas encore de garantie des dépôts au niveau européen». Sur le cas Revolut, Vilnius Sapoka et Marius Jurgilas n’ont pas souhaité faire de commentaire.
En 2020, la Banque centrale lituanienne compte également finaliser son projet «LBChain», une sandbox permettant à toutes les entreprises et au service public de tester leurs services via la blockchain. «Les régulateurs seront focalisés sur la prévention», précise Vilius Sapoka. «La clé du succès est de trouver un équilibre entre vitesse et sécurité. Quand je pense fintech, je pense vitesse mais lorsque je parle fintech, je parle sécurité», souligne le ministre des Finances. La Lituanie va également renforcer sa législation concernant la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT). «Nous souhaitons modifier la loi sur la lutte contre le blanchiment d’argent. Notre Parlement est sur le point d’approuver ce projet de loi». Cela devrait avoir lieu le 3 décembre.
Au cours des prochains mois, la Banque centrale de Lituanie avancera également sur le dossier blockchain. En octobre, elle a publié un guide sur les security token offering (STO) pour protéger les investisseurs, après avoir pris conscience de la baisse d’intérêt croissante vis-à-vis des initial coin offering (ICO). L’an prochain, des discussions porteront également sur «l’émission d’une monnaie numérique par la Banque centrale lituanienne», confie Marius Jurgilas.
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Munich - Acheter une voiture chinoise sur les Terres de Volkswagen, BMW et Mercedes? «Et pourquoi pas?», sourit la designeuse allemande Tayo Osobu, 59 ans, déambulant dans la vieille ville de Munich, devenue vitrine géante du salon automobile. Venue de Francfort, elle découvre les plus de 700 exposants, dont 14 constructeurs chinois contre 10 européens, qui tentent de séduire le public avec des modèles high-tech dans toutes les gammes de prix. Sur la Ludwigstrasse, deux mondes se font face. D’un côté, le géant chinois BYD, dont les ventes en Europe ont bondi de 250% au premier semestre, expose ses modèles phares, dont l’un, une citadine électrique, se vend à partir de 20.000 euros. De l’autre, Volkswagen, numéro 1 européen en crise, tente de défendre son territoire malgré la chute des livraisons et un plan social historique. Tayo est impressionnée par les finitions des coutures à l’intérieur d’une voiture BYD. Sur la sécurité, aucun doute: «si elles sont vendues ici, c’est qu’elles respectent les normes européennes», répond-t-elle sans hésiter. Qualité au «même niveau» Les marques chinoises maîtrisent une grande partie de leur chaîne de valeur, des batteries électriques aux logiciels embarqués. De plus, elles bénéficient d’une main d'œuvre moins chère et d’économies d'échelle grâce au marché chinois gigantesque. Et fini la réputation de la mauvaise qualité. «Ce qui a changé en cinq ans, c’est qu'à prix inférieur, les Chinois sont désormais au même niveau sur la technologie et la qualité à bien des égards», résume l’expert du secteur Stefan Bratzel. Pour contenir cette offensive, la Commission européenne a ajouté l’an dernier une surtaxe pouvant atteindre 35% sur certaines marques chinoises, en plus des 10% de droits de douane existants. Objectifs visés: protéger l’emploi sur le Vieux continent, limiter la dépendance technologique et préserver l’image des constructeurs européens. Mais BYD contournera bientôt la mesure: sa première usine européenne en Hongrie doit démarrer sa production dès cet hiver. Il est encore «trop tôt» pour parler d’invasion, estime M. Bratzel. Les marques chinoises doivent encore établir «une relation de confiance» avec le public européen, développer des réseaux de concessionnaires et de service après-vente, explique-t-il. Des acheteurs potentiels le disent aussi: «Si on conduit une voiture chinoise, dans quel garage va-t-on en cas de problème?», s’interroge Pamina Lohrmann, allemande de 22 ans, devant le stand Volkswagen où est exposé un ancien modèle de l’iconique Polo. «J’ai grandi avec les marques allemandes, elles me parlent plus», confie cette jeune propriétaire d’une Opel décapotable, dont la famille roule plutôt en «BMW, Porsche ou Mercedes». «Image de marque» L’image des véhicules reste un point faible, mais déjà une certaine clientèle, jeune et technophile, se montre plus ouverte. Cette dernière est convoitée par la marque premium XPeng, lancée en Chine en 2014 : «Nous visons la première vague d’enthousiastes de la technologie», explique son président Brian Gu sur le salon. Loin de baisser les bras, les constructeurs allemands continuent de «renforcer leur image de marque européenne» avec «un héritage» échappant encore aux entrants chinois, explique Matthias Schmidt, un autre expert. Volkswagen a ainsi rebaptisé son futur modèle électrique d’entrée de gamme «ID.Polo», attendu en 2026 autour de 25.000 euros, pour capitaliser sur la notoriété de sa citadine. Et les Européens imitent les Chinois sur l’intégration du numérique, comme le nouveau système d’affichage par projecteur de BMW, et dans la course à la recharge rapide. Ils adoptent aussi les batteries lithium-fer-phosphate (LFP), moins coûteuses, et intègrent de plus en plus de pièces standards chinoises, afin de réduire les coûts et de combler l'écart technologique, note M. Schmidt. «Ce qui compte, c’est que les fonctionnalités et le prix soient convaincants», note Martin Koppenborg, consultant automobile de 65 ans, bravant la pluie sur un stand de BYD, visiblement séduit. Léa PERNELLE © Agence France-Presse