Warren Buffett n’a pas empêché la dégradation du modèle économique d’IBM

Premier actionnaire du groupe depuis 2011, l’investisseur est en pertes et va devoir accompagner une accélération de la restructuration
Olivier Pinaud

Warren Buffett n’a pas toujours la main heureuse. Après avoir récemment reconnu sa «grosse erreur» sur le distributeur britannique Tesco, l’investisseur érigé en modèle peut s’interroger sur son entrée au capital d’IBM il y a trois ans. Avec 11,7 milliards de dollars engagés à l'époque, pour 7% du capital, l’opération représentait la première incursion de Berkshire Hathaway dans l’univers technologique. Le groupe d’informatique a abandonné hier son objectif de dégager en 2015 un bénéfice opérationnel d’au moins 20 dollars par action. Une nouvelle prévision sera communiquée début janvier.

L’industrie subit une «transformation sans précédent» et «nous avons encore plus à faire, plus rapidement», a reconnu hier Ginni Rometty, la directrice générale d’IBM, en poste depuis 2012 et qui avait toujours endossé l’objectif des 20 dollars pour 2015 fixé par son prédécesseur. Les logiciels sont de moins en moins vendus sous forme de licence comme dans le passé mais de plus en plus payés à l’usage («software as a service») grâce à internet et à la mise en réseau («cloud computing»). Ce qui, en parallèle, permet aux grands clients d’IBM de réduire leurs investissements en serveurs.

Le groupe a déjà fait des efforts pour suivre cette tendance, mais sa division de «cloud computing» ne représente que 3% de ses 100 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel. Pas de quoi contrer la baisse continue des revenus: IBM vient d’enchaîner dix trimestres de repli consécutifs de son chiffre d’affaires (-4% au troisième trimestre 2014).

Ce mouvement industriel, également à l’origine du projet de scission de HP, pousse IBM à accélérer sa restructuration. Le groupe a annoncé hier la cession de son activité de fabrication de semi-conducteurs à GlobalFoundries. IBM va payer le repreneur 1,5 milliard de dollars, étalés sur trois ans, pour boucler une opération qui l’a contraint à inscrire dans ses comptes du troisième trimestre une charge avant impôt de 4,7 milliards de dollars.

Hier, le cours d’IBM a perdu 7%, à 169,10 dollars, sous le prix moyen de 171,47 dollars par action payé par Warren Buffett.

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