
Vivendi doit revoir sa copie pour boucler le rachat de Lagardère

Vivendi a encore du travail. Six mois aprèsl’offre publique d’achat (OPA) amicale du groupe contrôlé par Vincent Bolloré sur Lagardère, la Commission européenne a annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête approfondie sur ce rapprochement. L’exécutif européen estime qu’en l'état, l’opération est susceptible de réduire sensiblement la concurrence «sur l’ensemble de la chaîne de valeur du livre» dans les pays francophones de l’Union européenne, notamment dans les domaines de l’achat de droits d’auteur, de la distribution et de la commercialisation. La Commission craint également une réduction de la concurrence sur le marché des magazines «people», à travers le rapprochement entre Paris Match (Lagardère), Gala et Voici (Vivendi).
«Nous nous penchons en priorité sur l’activité d'édition, où il existe un très large recoupement horizontal entre les deux groupes. Les inquiétudes relatives à la pluralité des médias sont formulées à bon escient, j’ai d’ailleurs reçu à ce sujet des courriers de la part de parlementaires européens français. Cependant toutes les questions soulevées pourraient ne pas relever de la compétence de la direction générale de la Concurrence», a précisé Margrethe Vestager, la vice-présidente de la Commission européenne, jeudi lors d’une conférence presse en marge d’une intervention à l’OCDE.
Contraintes de calendrier
Vivendi pensait avoir fait une concession majeure cet été en se disant prêt à céder Editis, le numéro deux français de l'édition, propriétaire notamment des éditions Nathan, Robert Laffont ou encore Plon, que le groupe avait racheté en 2019. Vivendi compte distribuer le capital de la société à ses actionnaires et l’introduire en Bourse dans la foulée. Pour couper tout lien avec son principal actionnaire, Bolloré, ce dernier revendrait sa participation de 29,5% dans le groupe d'édition à un nouvel actionnaire de référence.
Cependant, les discussions avec les repreneurs potentiels ont pris plus de temps que prévu, et si le groupe a bien reçu plusieurs offres au cours des derniers jours, il n’a pas pu les transmettre à la Commission européenne lors de la première phase de l’enquête de concurrence.
«Vivendi a fait savoir publiquement qu’elle envisageait la possibilité d’une cession d’Editis au moyen d’une opération de ‘distribution-cotation’, mais elle a décidé de ne pas présenter d’engagements pour répondre aux préoccupations préliminaires de la Commission au cours de l’enquête initiale», a indiqué la Commission.
Marques d’intérêt pour Editis
Selon une source proche du dossier, Vivendi devrait transmettre dans les prochaines semaines à Bruxelles les noms «d’un ou deux» candidats intéressés par une prise de participation minoritaire dans Editis. Au total, une demi-douzaine de repreneurs se seraient fait connaître, principalement dans le secteur des médias. Les noms de Xavier Niel, fondateur de Free et actionnaire du Monde, et du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, reviennent avec insistance. Le groupe italien Mondadori, le français Reworld Media et le suédois Bonnier seraient également sur les rangs.
S’il parvient à présenter à la Commission européenne un projet abouti de cession d’Editis, au-delà de la simple distribution de titres à ses actionnaires, Vivendi aura certainement levé l’un des principaux obstacles à son rapprochement avec Lagardère.
A la fin juin, le conglomérat du divertissement détenait 57,3% du capital du groupe de distribution et de médias. Mais il ne peut exercer que 22,5% des droits de vote tant que la Commission européenne n’a pas validé l’opération. La réponse définitive de l’exécutif européen est attendue d’ici au 19 avril 2023.
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