Vector Capital contre-attaque face à Technicolor

Lui-même poursuivi par la société, le fonds a assigné le groupe pour obtenir l’annulation d’une résolution votée lors de la dernière AG.
Olivier Pinaud

Coup pour coup. Assigné en novembre par Technicolor devant le tribunal de commerce pour obtenir la résiliation d’un accord de gouvernance, Vector Capital a saisi à son tour la justice le 9 janvier. Le fonds américain de capital investissement, premier actionnaire du groupe de technologies numériques avec 12,69% du capital, demande l’annulation de la vingtième résolution votée lors de l’AG du 22 mai 2014. Approuvée à 70% des voix, à quelques points de la majorité des deux tiers, cette résolution a repoussé de 70 à 75 ans l'âge limite du président du conseil d’administration permettant ainsi à Didier Lombard de rester en place.

Vector, dont les deux administrateurs s’étaient opposés à la proposition de cette résolution, soupçonne Technicolor d’avoir tenté de faire changer d’avis plusieurs actionnaires juste avant l’AG, une fois passée la date limite de dépôt des votes par correspondance, ce qui est interdit. Des votes par correspondance auraient disparu des registres tenus par Technicolor. Vector avait obtenu en justice, via une ordonnance sur requête, la saisie de mails échangés entre Technicolor et ces actionnaires. Mais le 3 décembre, le président du tribunal de commerce est revenu sur la décision. Un appel est en cours à Versailles. En saisissant à son tour la justice, Vector espère faire toute la lumière sur ce vote. Une première audience de procédure est prévue pour le 5 février.

Si elle peut paraître anecdotique, la lutte autour de la reconduction de Didier Lombard reflète les tensions accumulées entre la direction de Technicolor et son premier actionnaire. Frédéric Rose, le directeur général du groupe, a publiquement reproché la double attitude de Vector: alors qu’il disait soutenir la stratégie de la direction, le fonds remettait sur la table quasiment à chaque conseil un scénario alternatif de vente par appartements. La direction reproche aussi la campagne menée par Vector auprès d’autres actionnaires pour obtenir le rejet de la vingtième résolution. Une attitude contraire à l’accord de gouvernance signé entre les deux parties en juillet 2012, après l’augmentation de capital garantie par Vector.

Selon un proche de Vector, «la reconduction de Didier Lombard contribue à verrouiller le conseil de façon illégitime». Il rappelle qu’en tant que premier actionnaire du groupe, le fonds américain est en revanche légitime pour challenger la direction en conseil d’administration.

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