«Une escroquerie extraordinairement évidente» : la fintech Tingo est la nouvelle victime de Hindenburg

La société cotée à New York et active en Afrique s’est effondrée de 48% en Bourse mardi. Les accusations du vendeur à découvert sont lourdes.
Marchés baisse effondrement chute
L'action de l'agri-fintech Tingo a plongé de 48% mardi.  -  Fotolia

Un activiste globe-trotteur. Après l’indien Adani en janvier, puis son confrère américain Carl Icahn début mai, Hindenburg Research s’en prend cette fois à Tingo Group, qui se présente comme une fintech et une agri-fintech avec des activités en Afrique, en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient.

Selon le vendeur à découvert – qui prend des positions short (à la baisse) sur les actions qu’il attaque -, cette société est «une escroquerie extraordinairement évidente dont les comptes financiers sont totalement fabriqués». Le ton est donné. Et l’impact immédiat. L’action Tingo Group s’est effondrée de 48% mardi à la Bourse de New York et perdait 8% supplémentaires le 7 juin en cours de séance. Elle s’était envolée de 400% entre fin mars et mi-mai après la publication des comptes annuels du groupe, avant d’initier un net repli à partir du 22 mai dernier.

500 millions de ventes en quelques mois

Parmi ses nombreux griefs, Hindenburg s’interroge notamment sur la réalité de plusieurs activités du groupe. La branche de production alimentaire, Tingo Food, revendique ainsi 577 millions de dollars de revenus au premier trimestre et une marge opérationnelle de 24,8% alors qu’elle n’a été lancée qu’en septembre 2022. Ces ventes et cette rentabilité «explosives seraient obtenues grâce à un rôle d’intermédiaire joué par la société entre des agriculteurs nigérians et un tiers non nommé», fait remarquer l’activiste.

En février 2023, Tingo Food aurait organisé une cérémonie en vue de la construction d’une usine agroalimentaire au Nigeria pour 1,6 milliard de dollars. La photo utilisée pour présenter ce projet serait, selon Hindenburg, une image d’archive de raffinerie pétrolière. Le vendeur à découvert indique, photos à l’appui, s’être rendu sur place le mois dernier et n’avoir constaté aucune avancée, alors que l’entreprise aurait annoncé une semaine plus tôt «des progrès significatifs», y compris la construction «des fondations de ses nombreux bâtiments». Hindenburg soupçonne «fortement que l’activité de transformation alimentaire revendiquée par Tingo est totalement frauduleuse».

Le fondateur dans le viseur

Le constat de l’activiste pour les autres filiales du groupe (Tingo Mobile, Tingo DMCC) n’est pas plus flatteur. La Commission nigériane des télécommunications lui aurait ainsi indiqué n’avoir trouvé aucune trace d’une licence mobile accordée à Tingo alors que l’entreprise «revendique 12 millions de clients dans le pays».

Hindenburg s’en prend par ailleurs directement au fondateur de Tingo, Dozy Mmobuosi, qui n’est pas inconnu du grand public. Il a fait la «une» du journal GQ South Africa en décembre dernier et a été cité en début d’année comme un potentiel repreneur du club de football anglais Sheffield United. Selon Hindenburg, l’homme ne serait pas le créateur de la première application mobile de paiement au Nigeria comme il le revendique. L’université malaisienne censée lui avoir délivré un doctorat de développement rural n’aurait pas trouvé trace de son nom dans son système de vérification. Enfin, l’activiste rappelle qu’en 2019, Dozy Mmobuosi a fait la promotion sur les réseaux sociaux de Tingo Airlines avec des images trafiquées et alors que la société ne détenait aucun avion.

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Hindenburg conclut sans détours son rapport au vitriol : «Au global, nous pensons que Tingo est une fraude sans valeur et éhontée qui devrait constituer une source d’embarras humiliante pour toutes les parties concernées. Nous ne nous attendons pas à ce que l’entreprise fasse long feu dans ce monde».

Tingo se défend

De son coté, Tingo a réfuté l’ensemble de ces accusations via un communiqué de presse publié mardi. «Le rapport, qui contient de nombreuses erreurs factuelles, ainsi qu’un contenu trompeur et diffamatoire, semble être une tentative délibérée de saper le travail positif que le groupe Tingo entreprend sur divers marchés mondiaux», indique la société. Elle précise qu’elle «répondra en détail aux allégations de Hindenburg Research en temps voulu».

Les précédentes victimes du vendeur à découvert cette année ne se sont, pour le moment, pas remises de ses attaques. Adani Enterprises perd encore 30% en Bourse depuis la publication du rapport de Hindenburg et Icahn Enterprises plonge de 50%.

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