Un rachat de T-Mobile USA par Sprint devra surmonter l’obstacle réglementaire

La nouvelle entité, qui contrôlerait 30% du marché mobile outre-Atlantique, déboucherait sur la constitution d’un oligopole sectoriel
Yves-Marc Le Réour

Les investisseurs saluent l’idée d’un rapprochement entre Sprint et T-Mobile USA, si l’on en croit la hausse de 3,8% de l’action Deutsche Telekom hier. Le troisième opérateur mobile américain, contrôlé par le japonais Softbank, songerait en effet à lancer une offre de rachat sur la filiale à 67% de l’opérateur allemand «au cours du premier semestre 2014», selon le Wall Street Journal. Quelques mois après la fusion entre T-Mobile USA et l’opérateur régional MetroPCS, cette opération parachèverait la consolidation du secteur mobile outre-Atlantique, la nouvelle entité ayant «une part de marché d’environ 30%, juste derrière AT&T (33%) et Verizon (31%)», indique le bureau d’analyse de Natixis.

Hormis l’adaptation nécessaire de réseaux fonctionnant sous des normes différentes, le principal obstacle à ce rapprochement serait réglementaire, puisque l’opération laisserait Leap Wireless, cinquième opérateur actuellement, avec une part de marché inférieure à 2%. Le département américain de la Justice avait d’ailleurs bloqué à l’été 2011 l’acquisition de T-Mobile USA par AT&T en expliquant qu’il voulait conserver quatre grands opérateurs nationaux.

Les analystes de Raymond James jugent donc peu probable un changement d’avis des autorités de régulation «jusqu’à la mise en place d’un nouveau gouvernement fédéral». Ils ajoutent que la déconvenue précédemment subie par Deutsche Telekom inciterait celui-ci à exiger une indemnité de rupture conséquente si Sprint faisait une offre sur sa filiale.

Une telle transaction aurait aussi des conséquences de ce côté de l’Atlantique, car «les opérateurs ne manqueront pas d’utiliser la consolidation américaine pour faire pression sur les autorités européennes afin de pouvoir, eux aussi, réaliser des opérations similaires», relèvent les analystes de Natixis. Ils ajoutent que Bruxelles doit prendre en compte cette possible consolidation aux Etats-Unis, avant de se prononcer dans les prochaines semaines sur une concentration des acteurs en Irlande et en Allemagne.

Alors que la surperformance boursière des opérateurs européens depuis l’été (cf. graphique) tient largement aux anticipations de consolidation du marché, ces analystes restent sceptiques sur un mouvement majeur en Europe «au regard de la concentration existante à ce jour». Celle-ci fait apparaître «3,7 opérateurs mobiles par pays en moyenne», tandis que «les cinq premiers groupes européens représentent 67% des abonnés».

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