Siemens s’empare de l’américain Dresser-Rand pour se développer dans les hydrocarbures

Le prix élevé de 7,6 milliards de dollars dette incluse sera compensé par la cession de la part de Siemens dans le groupe d’électroménager BSH
Yves-Marc Le Réour

Même s’il n’a pas réussi à mettre la main sur Alstom, Siemens accélère le recentrage de ses actifs en direction des marchés de l’énergie. Après s’être emparé le mois dernier des turbines à gaz de Rolls-Royce, le conglomérat allemand a lancé hier aux Etats-Unis une OPA amicale en numéraire sur Dresser Rand, fabricant de turbines et de compresseurs pour le secteur des hydrocarbures, damant ainsi le pion au suisse Sulzer qui négociait une fusion avec le groupe américain, bien placé dans l’exploitation des gaz de schiste outre-Atlantique.

Le prix proposé de 83 dollars par action valorise la cible environ 7,6 milliards de dollars dette incluse (5,8 milliards d’euros), soit «14 fois son excédent brut d’exploitation (EBE) estimé pour 2014 hors impact des synergies», ont calculé les analystes de Kepler Cheuvreux. Ce niveau élevé se justifie par le caractère stratégique de l’opération, relutive dès la première année, et par le fait que la moitié du chiffre d’affaires de Dresser Rand provient des services et des pièces détachées, activités fortement récurrentes. S’y ajoutent des synergies évaluées par l’acquéreur à «150 millions d’euros par an d’ici 2019». Soutenue à l’unanimité par le conseil d’administration du groupe américain, la transaction devrait être bouclée d’ici à l’été 2015.

Siemens a annoncé en parallèle la vente de sa participation de 50% dans le groupe d’électroménager BSH à son partenaire Robert Bosch pour 3 milliards d’euros, chacun des deux actionnaires recevant de la coentreprise un dividende exceptionnel de 250 millions d’euros avant la finalisation de la transaction, attendue au premier semestre 2015. Ce désengagement permettra à Siemens «de réduire au total sa sortie de cash nette à 2,8 milliards d’euros», relèvent les analystes d’Oddo Securities, en ajoutant que le groupe maintiendra ainsi aisément sa note de crédit (A+ chez S&P et Aa3 chez Moody’s).

A l’issue de ces deux opérations, en faisant l’hypothèse d’une dette nette équivalente à une fois son EBE sur l’exercice clos le 30 septembre prochain, Siemens «disposerait d’une marge de manœuvre de 6 milliards d’euros pour des acquisitions ultérieures», selon Kepler Cheuvreux. Ce chiffre ne tient pas compte d’une génération de cash flow libre «de 4 milliards d’euros par an sur l’ensemble d’un cycle économique et de rentrées de cash provenant d’autres cessions potentielles d’actifs», conclut le bureau d’analyse.

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