
Salesforce donne des gages aux fonds activistes

Salesforce, sous la pression des fonds activistes, reprend des couleurs. L’éditeur de logiciels professionnels bondissait de plus de 12% en Bourse jeudi, après avoir publié la veille des résultats meilleurs qu’attendu pour 2022.
Salesforce a pourtant livré des publications en demi-teinte. Il a dégagé une perte nette de 98 millions de dollars (92 millions d’euros) au quatrième trimestre 2022, soit 10 cents par action, et un chiffre d’affaires de 8,38 milliards de dollars.
Pour l’année 2023, Salesforce anticipe un chiffre d’affaires de 34,6 milliards de dollars et un résultat ajusté par action de 7,13 dollars, au-delà des revenus de 33,89 milliards de dollars anticipés par le consensus FactSet.
Pour le premier trimestre, Salesforce s’attend à un chiffre d’affaires qui sera en baisse de 10% par rapport à début 2022, compris entre 8,16 et 8,18 milliards de dollars. Il s’attend également à ce que ses marges d’exploitation ajustées en année pleine augmentent. Conséquence, il a incité seize maisons de courtage à relever leurs objectifs de cours sur les actions de la société.
A elle seule, sa filiale Tableau, la société de visualisation de données basée à Seattle, a enregistré un chiffre d’affaires de de 2,1 milliards de dollars sur l’année 2022, en hausse de 9% par rapport à 2021. Un record pour la société acquise par Salesforce en 2019 pour 15,3 milliards de dollars.
L’entreprise reste ainsi une concurrente de taille à Microsoft dans le secteur des logiciels de veille stratégique.
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Pression des fonds activistes
De quoi lui offrir un peu de répit, alors que Salesforce est sous la pression d’investisseurs activistes, qui ont poussé à des changements au sein de l’entreprise.
Dans un contexte de ralentissement des revenus. Salesforce a été la cible de quatre sociétés d’investissement activistes, Starboard Value, Inclusive Capital Partners, ValueAct Capital, et Elliott Management - ce dernier a d’ailleurs nommé des administrateurs à son conseil d’administration - poussant à des changements au sein de l’entreprise.
Ils ont fait pression pour une croissance et des marges plus élevées, davantage de rachats d’actions et ont soulevé des inquiétudes concernant les acquisitions récentes.
Conséquence, Salesforce a annoncé, en janvier, un plan de licenciements affectant 10% de ses salariés. Comme d’autres groupes technologiques, il a été rattrapé par le contrecoup de la «bulle» générée par le Covid-19 et les confinements en 2020, année durant laquelle il avait trop embauché.
Salesforce a aussi connu une crise de gouvernance. Plusieurs dirigeants de longue date sont partis dans le cadre du dernier plan de licenciements. Dont son co-CEO Bret Taylor, l’ancien PDG de Tableau Mark Nelson, ainsi que l’ancien PDG de Slack Stewart Butterfield.
«Marc Benioff a pris la température avec des fonds activistes agités et tient ses promesses, le dos au mur. C’est un grand pas dans la bonne direction pour le pilier du cloud», a tweeté l’analyste de Wedbush, Dan Ives.
«Salesforce est devenue plus mature, plus grosse, sa croissance ralentit, Marc Benioff a dû resserrer les boulons. Pendant longtemps ce n’était pas trop sa tasse de thé, mais c’est un rite de passage à un moment donné pour le CEO», estime Benoît Flamant, responsable actions au sein de la société de gestion patrimoniale Corraterie Gestion.
C’est aussi sous leur pression que Salesforce a annoncé sa décision de doubler son rachat d’actions à 20 milliards de dollars, contre 10 milliards de dollars auparavant, tout en dissolvant son comité des fusions et acquisitions, pour se concentrer sur sa croissance organique. «La marge opérationnelle de l’entreprise est moindre mais on donne plus à l’actionnaire», souligne Benoît Flamant.
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