Saint-Gobain s’embourbe dans le dossier Sika

Le conseil du groupe suisse veut limiter les droits de vote de la famille Burkard à 5% et lui retirer le droit de convoquer une AGE. La justice doit se prononcer.
Bruno de Roulhac

Le conseil d’administration de Sika reprend la main. Dans la bataille qui l’oppose à la famille Burkard, qui s’est engagée à céder sa participation de 16,1% du capital et de 52,4% des droits de vote de Sika à Saint-Gobain pour 2,75 milliards de francs suisses (2,74 milliards d’euros), le conseil du groupe suisse passe à l’étape supérieure en limitant à 5% les droits de vote de la famille Burkard.

Le conseil explique cette limitation en raison de la constitution d’un groupe d’actionnaires entre la famille propriétaire et Saint-Gobain, selon la convention d’actionnaires déposée auprès de la Bourse suisse. Par conséquent la famille Burkard vote en assemblée générale «conformément aux instructions données par Saint-Gobain», selon Sika.

Les administrateurs, qui ne semblent pas avoir apprécié que Schenker Wincler (famille Burkard) demande au juge le droit de convoquer une assemblée générale extraordinaire (AGE) anticipée, alors qu’ils lui avaient opposé une fin de non-recevoir, lui ont également retiré le droit de réunir une AGE. Sika rappelle que ses statuts interdisent à ses actionnaires inscrits de détenir plus de 5% des actions nominatives, et que l’exception faite pour la famille Burkard s’explique par les relations centenaires entre la famille et le groupe et par sa volonté de «protéger la société contre toute tentative d’acquisition». Et pour le conseil, à partir du moment où la famille forme un groupe d’actionnaires avec Saint-Gobain, ce privilège ne tient plus, tout comme celui de convoquer une AGE.

Surtout Sika se targue d’avoir le soutien des actionnaires pesant 35% du capital. L’acquisition pourrait ainsi être retardée jusqu’à trois ans, selon Kepler Cheuvreux, tandis que Helvea Baader estime à 70% la probabilité d’échec de cette opération.

Saint-Gobain considère que «ces agissements vont totalement à l’encontre de tous les principes du droit des affaires et de la gouvernance suisses », tandis que Schenker Wincler juge «illégale» la décision du conseil de Sika, et estime que la convocation d’une AG dépend de la part du capital détenu et non des droits de vote.

Alors que cette bataille juridique n’est qu’au début, c’est au tribunal de Zoug de se prononcer dans les prochains jours sur la demande de la famille Burkard. En attendant, la prochaine AG de Sika reste fixée au 14 avril 2015.

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