
Safran se prépare à couper ses liens capitalistiques avec Ingenico
En 2010, l’Etat avait bloqué l’offre de Danaher sur Ingenico et empêché Safran d’apporter sa participation de 23,6% au groupe américain, au motif de la nature «stratégique» du spécialiste des services de paiement. Safran s’apprête pourtant à solder son histoire avec cette société, dont il était devenu actionnaire en 2008 via Morpho, sa filiale de biométrie.
L’équipementier aéronautique et de défense a annoncé hier soir que Morpho a vendu 5,5% du capital d’Ingenico à Bpifrance pour 363,6 millions d’euros. Il rappelle également que Morpho avait cédé une participation de 12,6% en 2013.
Il ajoute qu’à l’issue de la cession annoncée hier, Morpho écoulera sa participation résiduelle de 3,6% «progressivement sur le marché ou par blocs auprès d’investisseurs identifiés». Safran ne sera plus, dans un avenir relativement proche, actionnaire d’Ingenico. Une intention qu’il n’avait jamais niée.
Si le veto gouvernemental avait à l’époque suscité l’incompréhension, Safran n’en veut sans doute pas à l’Etat aujourd’hui. En effet, chaque cession partielle a été réalisée à des valeurs bien supérieures au prix de 28 euros par action proposé par Danaher. L’accord intervenu hier valorise Ingenico à 6,611 milliards d’euros, contre 1,4 milliard selon les termes de Danaher en 2010.
Si Safran avait accepté l’offre de l’Américain pour 23,6% d’Ingenico, il aurait empoché au total une plus-value de 85 millions d’euros. En mars 2013, Morpho avait vendu 12,6% d’Ingenico à 43,45 euros par action, faisant ressortir une plus-value de... 130 millions d’euros. Hier Bpifrance a payé un prix unitaire de 109 euros (pour un cours de clôture de 117,25 euros hier). «Le résultat net d’impôts de la cession [...] s’élève à 251 millions d’euros», précise Safran.
«Bpifrance entend soutenir et accompagner l’entreprise et ses dirigeants dans leur stratégie de croissance rentable et ambitieuse en France et à l’international», indique la banque publique d’investissement. Il n’en demeure pas moins que les performances d’Ingenico restent le meilleur garant de son indépendance. En effet, son actionnariat est plus que jamais éclaté: en excluant Morpho, son premier actionnaire Allianz Global Investors détenait seulement 5,3% de son capital au 31 mars 2015. Son flottant atteint 81%.
Mais les comptes d’Ingenico sont solides: après un exercice 2014 record, il a de nouveau créé la surprise au premier trimestre 2015 en publiant un chiffre d’affaires en hausse de 17%, à 498 millions d’euros.
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