Repsol retrouve sa grandeur avec le rachat du canadien Talisman Energy

Le pétrolier espagnol financera cette acquisition de 8,3 milliards de dollars (13 milliards avec la dette) en partie grâce à l’indemnité d’expropriation d’Argentine.
Bruno de Roulhac

Repsol rejoint la cour des quinze plus grands acteurs du secteur pétrolier avec le rachat du cinquième producteur canadien, Talisman Energy, pour 8,3 milliards de dollars (6,6 milliards d’euros), et 13 milliards de dollars avec la dette. Cette offre amicale à 8 dollars par action représente une prime de 24% sur le cours moyen trois mois, mais de plus de 100% sur le cours de jeudi, il est vrai un plus bas historique lié à la chute des cours du pétrole.

Ce prix, valorisant la société sur un ratio valeur d’entreprise sur Ebitda 2015 de cinq fois, reste plus élevé qu’anticipé par le marché, note RBC Capital Markets, tandis que d’autres intervenants le jugent «équitable». Pour sa part, Barclays s’inquiète du cash flow négatif de Talisman et de la valorisation des actifs de mer du Nord. En attendant, Repsol mise sur plus de 200 millions de dollars de synergies annuelles, et sur une relution sur le bénéfice par action à compter de 2017.

Affaibli par sa sortie forcée d’Argentine lors des nationalisations de 2012, le groupe espagnol retrouve une place de premier plan et accroît sa présence dans des pays politiquement stables, notamment en Amérique du Nord et en mer du Nord, minorant ainsi sa dépendance à des pays risqués comme la Libye où ses activités ont dû cesser. De plus, Talisman lui apporte une exposition à l’Asie du Sud-Est (Indonésie, Malaisie et Vietnam).

En même temps, le groupe espagnol se renforce très fortement dans l’amont «devenu le moteur de la croissance de l’entreprise». Cette division pèsera 58% des capitaux employés, contre 38% auparavant, dont la moitié pour l’Amérique du Nord et 22% pour l’Amérique latine. La production pétrolière de Repsol bondira de 76% à 680.000 barils équivalent pétrole par jour, tandis que les réserves augmenteront de 55% à plus de 2,3 milliards de barils.

Cette opération transformante sera financée en partie grâce à l’indemnité d’expropriation d’Argentine de 6,3 milliards de dollars. Repsol prévoit aussi d’émettre jusqu’à 5 milliards d’euros obligations hybrides pour conserver une note en catégorie investissement, et pourrait céder des actifs non stratégiques. En revanche, «nous n’avons pas besoin de céder notre participation [de 30%] dans Gas Natural pour cette opération, a expliqué le président de Repsol. GasNat nous apporte stabilité et dividendes».

Repsol est conseillé par JPMorgan, et Talisman par Goldman Sachs et Nomura.

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