Numericable-SFR fait passer la logique financière avant le commercial

L’Ebitda de l’opérateur de télécoms bat le consensus des analystes. La base d’abonnés et les revenus continuent de se contracter, à un rythme moins élevé.
Alexandre Garabedian
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La méthode Drahi est bien connue: pressurer les coûts au maximum pour crédibiliser les objectifs de synergies et d’Ebitda vendus aux investisseurs qui financent généreusement sa stratégie de croissance externe. Les résultats semestriels de Numericable-SFR, publiés hier, témoignent à nouveau du savoir-faire de Patrick Drahi dans ce domaine, au détriment de la conquête commerciale. Au passage, le patron d’Altice a affirmé que le dossier Bouygues Telecom était «clos».

L’Ebitda ajusté du groupe, de 1,06 milliard d’euros au deuxième trimestre, ressort en hausse de 19% par rapport à l’année dernière. Il dépasse de 11% les prévisions du consensus des analystes. La performance permet de ramener à 3 fois le levier de l’opérateur de télécoms. La marge a gagné 7,2 points en un an, à 38,3%. «Ces chiffres donnent une forte visibilité sur les objectifs de l’ensemble de l’année (une croissance de l’Ebitda supérieure à 20%) et plus important encore, sur l’objectif à long terme d’une marge de 45%», estime les analystes actions de Kepler Cheuvreux.

Sur le plan commercial, en revanche, le tableau est moins reluisant. «On observe de très faibles performances opérationnelles, compensées par de très fortes performances financières», relèvent les analystes de SG CIB, qui restent à l’achat sur le titre. Le groupe ne précise pas l’évolution du nombre de clients pour le seul deuxième trimestre, mais il a perdu en un an 1,38 millions d’abonnés particuliers au mobile et 223.000 dans le haut débit. Il a gagné en revanche 181.000 abonnés B2B au mobile, et 155.000 dans la fibre. «La relance commerciale sur le mobile annoncée au mois de mai commence à porter ses fruits avec des ventes brutes record au mois de juin, en hausse de plus de 40%, à comparer aux autres mois du premier semestre», précise le groupe. Le chiffre d’affaires est en recul de 2,4% au deuxième trimestre sur un an, un rythme de contraction moitié moins élevé qu’à fin mars (-4,5%).

«Le principal défi reste de stabiliser les revenus pour donner de la visibilité aux synergies, et de ce point de vue, les chiffres du deuxième trimestre et les commentaires des dirigeants sont rassurants, estime Kepler Cheuvreux. Numericable-SFR essaie probablement de ne pas retenir des clients à faible valeur ajoutée, d’où un impact positif sur l’Ebitda et négatif sur le chiffre d’affaires».

Le marché continue d’apprécier la logique, avec une hausse de 3,04% de l’action Numericable-SFR hier.

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