Meta doit trouver sa voie

Après une année 2022 plombée par la chute de ses revenus publicitaires, Meta va devoir défendre sa stratégie dans le métavers, et continuer d’exister comme média social.
Capucine Cousin
Mark Zuckerberg, PDG de Facebook.
Le CEO et fondateur de Meta, Mark Zuckerberg, dont la stratégie a été contestée, y compris par les investisseurs.  -  photo Facebook

Semaine décisive pour Meta. La maiso mère de Facebook, WhatsApp et Instagram va présenter, mercredi à la clôture de Wall Street, ses résultats annuels. Un exercice sous haute tension pour la firme de Menlo Park après un millésime 2022 chahuté, où la stratégie de son CEO et fondateur Mark Zuckerberg a été contestée, y compris par les investisseurs. Elle ouvrira le bal des Big Tech, avant Alphabet et Apple.

Pour la première fois depuis sa création en 2004, l’ex-Facebook Group a vu ses recettes diminuer dans le courant de l’année 2022 : - 1% au deuxième trimestre, puis - 4% au troisième. Il devrait perdre - 6% au quatrième trimestre 2022, selon le consensus des analystes. A côté de cela, le bénéfice net a été divisé par deux : il a plongé de 52%, à 4,4 milliards de dollars, au troisième trimestre 2022. Bien loin de la croissance de 38% enregistrée en 2021, avec 115 milliards de dollars de chiffre d’affaires.

Chute de 66% en Bourse l’an dernier

En cause, l’inflation, la hausse des taux d’intérêt, la baisse des recettes publicitaires, et la fin de l’effet Covid-19, qui avait fait exploser les usages numériques lors des périodes de confinement. Cette époque avait fait flamber la valorisation de plusieurs géants de la tech, dont Meta, mais cet âge d’or est révolu. Comme d’autres, le groupe avait alors recruté, beaucoup : ses effectifs sont ainsi passés de 45.000 à 72.000 personnes de fin 2019 à fin 2021. Dans une lettre aux employés en novembre dernier, Mark Zuckerberg avait d’ailleurs reconnu avoir trop investi après la pandémie de Covid-19.

La sanction par Wall Street a été sans appel. Le cours de Bourse de Meta a chuté de 66% l’an dernier, bien loin des plus de 1.000 milliards de dollars de capitalisation à la mi-2021. L’action s'échange aujourd’hui autour de 150 dollars, contre 300 dollars en juin 2021.

En novembre dernier, le groupe, pour la première fois, a lancé des mesures d'économies, avec la suppression de 11.000 emplois (13% de ses effectifs), et l’abandon de certains produits. En quête d’argent frais, le groupe avait en outre lancé son premier emprunt obligataire en août dernier, cherchant à lever 10 milliards de dollars.

Métaverse et relance publicitaire, les dossiers épineux

Alors, pour cette année 2023, Meta va être scruté par les investisseurs sur plusieurs points clé avec, en premier lieu, l’évolution de sa gouvernance. Avec une année 2022 marquée par le départ de plusieurs cadres dirigeants, qu’il s’agisse de sa numéro deux, Sheryl Sandberg, ou de David Marcus, qui orchestrait le projet de cryptomonnaie, « Mark Zuckerberg va devoir s’entourer, mettre en place une gouvernance différente », estime Thomas Husson, du cabinet Forrester.

Ensuite, Mark Zuckerberg devra convaincre de la pertinence de ses ambitions dans le métavers, ce nouvel univers immersif. « Il va devoir le présenter comme un projet à moyen terme : après le buzz de 2022, le métavers est devenu un non-sujet pour la majorité des marques en 2023 », tranche Thomas Husson. Présenté comme le prochain pivot pour le groupe en octobre 2021, ce chantier futuriste laisse pourtant analystes et actionnaires dubitatifs. Et pour cause : il représente un gouffre financier. Après 10 milliards de dollars de pertes en 2021 et 9,3 milliards entre janvier et octobre 2022, la division Reality Labs devrait encore être déficitaire cette année.

Des investisseurs exigent maintenant une réduction des frais de Meta dans ces projets. Le fonds d’investissement spéculatif Altimeter Capital – qui détient une participation de 0,1% dans Meta – exigeait que ces dépenses soient ramenées à 5 milliards de dollars par an, dans une lettre ouverte le 24 octobre dernier.

« Le métavers est un pari à long terme, mais il y a actuellement plus de questions que de réponses sur la stratégie de Meta et comment il le monétise », indique à L’Agefi Dan Ives, analyste financier chez Wedbush Securities. « Avec une récession à nos portes, cela est perçu comme du gaspillage, alors que Wall Street veut que Mark Zuckerberg réduise ses dépenses et se concentre sur son fonds de commerce, les médias sociaux ».

Autre priorité pour le groupe, miser davantage sur l’intelligence artificielle (IA). Il n’est pas le seul : c’est aussi le cas pour Microsoft, qui investit plusieurs milliards de dollars dans OpenAI et son chatbot ChatGPT. Mais chez Meta, investir dans l’IA doit permettre d’affiner ses algorithmes de recommandation et ses outils de ciblage publicitaire. « Cela reste le nerf de la guerre pour Meta : l’IA lui permet de bâtir des modèles prédictifs de comportements de consommateurs », explique Thomas Husson.

L’an dernier, Meta a été touché par les nouvelles règles de confidentialité d’Apple, qui permet à ses clients de stopper le pistage de leurs données sur les applications mobiles – sur lesquelles reposait le ciblage publicitaire de Meta. Avec un manque à gagner estimé à 10 milliards de dollars pour 2022. Meta devrait voir ses revenus publicitaires baisser de 2% cette année sur le marché américain, avant de rebondir seulement en 2024, de 4,6%, selon une étude publiée par Forrester.

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