L’Oréal conteste sa participation à une entente dans les produits d’hygiène

L’Autorité de la concurrence prononce deux amendes, l’une de 345 millions dans les produits d’entretien, l’autre de 606 millions, un record, dans l’hygiène.
Bruno de Roulhac

Coup double pour le gendarme français de la concurrence. L’Autorité a prononcé pour près de 1 milliard d’euros d’amende : 345 millions pour une entente dans les produits d’entretien et 606 millions pour une entente dans l’hygiène. Un nouveau record après l’amende de 534 millions infligée au cartel de la téléphonie mobile en 2005.

Un dossier qui a débuté comme un scénario de film… Le 3 février 2006, les gendarmes de la rue de l’Echelle ont perquisitionné lors d’une réunion entre membres d’une entente à la brasserie parisienne Royal Villiers. Cette information leur avait été révélée par SC Johnson sollicitant la procédure de clémence de l’Autorité de la concurrence en reconnaissant faire partie d’une entente avec sept autres entreprises dans le secteur des produits d’entretien vendus en grande distribution. Trois semaines après, Colgate-Palmolive sollicite la même clémence et quatre jours plus tard dénonce une entente sur les produits d’hygiène.

Cette procédure de clémence, instaurée en France en 2001, est un des rares moyens de détecter les ententes. Le premier dénonciateur peut obtenir jusqu’à l’immunité totale (accordée en l’espère à Johnson dans l’entente sur l’entretien et à Colgate dans l’entente sur l’hygiène), et les autres une réduction de peine (en l’espèce -50% pour Colgate et -25% pour Henkel dans l’entretien, et -30% pour Henkel dans l’hygiène).

Ces ententes, qui ont duré de 2003 à 2006, s’organisaient via des réunions tous les deux mois environ entre les directeurs commerciaux «cercle Team», et entre les responsables des ventes «cercle des Amis». Les participants se coordonnaient sur la politique de prix à adopter auprès de la grande distribution. Presque toutes les marques étaient concernées hormis Bic, Wilkinson et Bourjois notamment.

Alors que la plupart des mis en cause n’ont pas contesté les faits obtenant ainsi une réduction de sanction de 16 à 18%, L’Oréal, qui écope de la plus lourde peine, 189,5 millions d’euros, conteste cette décision et interjettera appel. Il provisionne néanmoins dès maintenant le montant de l’amende. L’Oréal conteste avoir participé à toutes les réunions d’entente, et si des membres du groupe ont participé à certaines, c’était à titre personnel, s’est défendu le groupe. Il conteste aussi l’objet anticoncurrentiel de ces pratiques.

Unilever, qui ne conteste pas les faits, fera néanmoins appel du montant des deux amendes de 102 millions et 70,5 millions d’euros.

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