Les obligataires d’Areva sont mis à rude épreuve

S&P a enfoncé la note du groupe dans la catégorie «junk». Le recours à des financements opérationnels risque de subordonner la position des obligataires.
Olivier Pinaud

En envoyant l’entreprise publique Areva en catégorie spéculative en novembre dernier, S&P avait déjà brisé un tabou. L’agence de notation est allée encore plus loin la semaine dernière en dégradant de deux crans sa note à «BB-». La perte du groupe de nucléaire et surtout le niveau de sa dette, à plus de 8,2 milliards d’euros en données ajustées, se sont révélés bien plus lourds que ce que redoutait S&P.

La note dite «stand alone», c’est-à-dire sans prendre en compte le support implicite de l’Etat, est également abaissée de 2 crans à «B-», ce qui signifie que l’agence attribue un crédit de 3 crans à l’actionnariat public d’Areva. Selon S&P, un renforcement des fonds propres de 2 milliards d’euros permettrait d’envisager un relèvement de la note. Mais le gouvernement a répété ces derniers jours que la priorité ne va pas à une recapitalisation.

L’agence est d’autant plus méfiante que le plan de redressement annoncé la semaine dernière par la nouvelle direction d’Areva s’annonce extrêmement difficile à mettre en œuvre. S&P doute notamment de la capacité du groupe à réduire de 15% la masse salariale, sur un total de 3,5 milliards d’euros en 2014, condition pourtant indispensable pour tenir la réduction de coûts de 1 milliard promise par Areva à l’horizon 2017. A elle seule, la réduction des fonctions supports, qui ont représenté 1 milliard d’euros de charges en 2014, ne suffira pas à atteindre l’objectif d’économies nécessaires au rétablissement de la compétitivité d’Areva.

Le prix des obligations a relativement bien résisté ces derniers jours. Le soutien implicite de l’Etat ainsi que les 2 milliards de liquidités dont dipose Areva représentent de bons coussins de sécurité. Néanmoins, l’environnement risque de rester compliqué pour les obligataires dans les prochains mois. Le groupe porte plus de 5 milliards d’euros d’emprunts obligataires.

Areva envisage de recourir à des financements au niveau de ses structures opérationnelles, à l’image de celui de 650 millions d’euros réalisé l’an dernier pour l’usine George Besse 2. «Une développement de ce type de financement nous paraît préjudiciable pour les porteurs obligataires, dont la position deviendrait subordonnée», s’inquiètent les analystes crédit de CM-CIC.

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