Les équipementiers automobiles ont pris le dessus sur les constructeurs

L'écart de valorisation s’est creusé ces dernières années. Les équipementiers profitent de la montée en complexité des véhicules.
Olivier Pinaud

Valeo se fixera lundi prochain une nouvelle feuille de route lors d’une réunion avec les investisseurs à Londres. Le rendez-vous est attendu: à 7,2%, l’équipementier automobile a dépassé en 2014 l’objectif de plus de 7% de marge d’exploitation qu’il s’était initialement donné pour 2015. Le consensus d’analystes table sur un saut supplémentaire, au-dessus de 8% en 2017. Les analystes de JPMorgan visent même 9,2%. Par rapport à 2010, la marge de Valeo pourrait ainsi avoir gagné plus de 2 points.

Même si elle n’est pas partagée par l’intégralité du secteur, la trajectoire de marge de Valeo, au moment où le secteur automobile se remettait de la pire crise de son histoire, illustre la transformation des équipementiers automobiles, portés par la montée en complexité des véhicules pour répondre aux enjeux de sécurité ou environnementaux. Les fabricants d’équipements arrivent aujourd’hui à faire progresser leurs chiffres d’affaires plus rapidement que le rythme de croissance du marché automobile. En 2013, alors que les immatriculations mondiales ont augmenté de 3%, celui de la division équipements (hors pneumatiques) de l’allemand Continental a gagné 4,5%, tout comme celui de Faurecia. La croissance de Valeo a atteint 9%. Elle pourrait rester à cette altitude en 2015-2016, selon Exane BNP Paribas, compte tenu du carnet de commande du groupe: 17,5 milliards d’euros fin 2014.

D’autres éléments expliquent la progression de la marge des équipementiers au cours de cette période. Selon JPMorgan, les fournisseurs de composants «ont tendance à contrôler leurs usines de production en Chine, ce qui leur permet de consolider les résultats et les cash-flows». Une différence notable par rapport aux constructeurs d’automobiles eux-mêmes qui opèrent souvent en Chine via des sociétés communes dont ils ne reçoivent que les dividendes. Enfin, la consolidation leur a permis de réduire la concurrence et leur capacité à tenir les prix.

La montée en marge des équipementiers se voit dans les niveaux de valorisation. Historiquement, les constructeurs d’automobiles ont toujours subi une décote par rapport à leurs fournisseurs. Mais JPMorgan notait récemment que l’écart s’est creusé depuis 2010. Avec une valeur d’entreprise représentant en moyenne 5 fois l’Ebitda, le multiple des équipementiers est plus de deux fois supérieur à celui des constructeurs.

{"title":"","image":"82024»,"legend":"Indicateurs du secteur \u00e9quimentier automobile»,"credit":""}

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...