Les activistes animent l’agroalimentaire américain

Pershing Square a pris 7,5% du capital de Mondelez, qu’il pousse à la fusion dans un secteur affaibli.
Antoine Landrot
Mondelez a traversé une période mouvementée depuis l’intégration difficile de Cadbury, acquis début 2010. Photo DR.
Mondelez a traversé une période mouvementée depuis l’intégration difficile de Cadbury, acquis début 2010. Photo DR.  - 

Les fonds activistes continuent d’agiter le secteur des aliments conditionnés américain, convaincus qu’il sera le cadre d’une prochaine vague de concentration. C’est au tour du groupe Mondelez International (propriétaire des marques de biscuits Cadbury et Oreo) de faire l’objet de spéculations. Pershing Square, du milliardaire américain William Ackman, a annoncé mercredi soir détenir 7,5% du capital du géant de l’agroalimentaire, y compris sous forme d’options d’achat et de contrats à terme. Cette participation représente 5,6 milliards de dollars.

Pershing Square, qui publiera le 10 août ses résultats trimestriels, ne s’est pas étendu sur ses motivations. Selon le Wall Street Journal, le fonds veut proposer au groupe une alternative: soit il accroît la progression de ses revenus et accélère ses économies, soit il se vend à un concurrent.

Pour l’instant, le fabricant de biscuits ne semble pas disposé à dévier de sa route. «Nous nous félicitons de compter Pershing Square parmi les investisseurs de l’entreprise. Nous continuerons à mettre en œuvre notre stratégie et à créer de la valeur pour l’ensemble de nos actionnaires», a-t-il indiqué dans un e-mail. Cette stratégie consiste notamment en une baisse des coûts (notamment via la fermeture d’usines) et des transferts de production.

Ça n’est pas la première fois que Mondelez subit la pression de certains de ses actionnaires. Lui-même né en 2012 d’une scission du géant Kraft Foods Inc. portée par l’activiste Nelson Peltz, il a traversé une période mouvementée depuis l’intégration difficile de Cadbury (acquis début 2010) et la hausse de certaines matières premières. L’année dernière, il est parvenu à désamorcer une nouvelle crise avec Nelson Peltz, en lui offrant une place d’administrateur contre l’abandon de sa campagne en faveur d’un rapprochement avec PepsiCo. Peltz, via Trian Fund Management, détient environ 3% de Mondelez. Les noms de PepsiCo et de Kraft Heinz, lui-même issu de la fusion entre le fabricant de ketchup HJ Heinz et Kraft Foods Group (qui réunissait les activités de Kraft Foods Inc. exclues de Mondelez), reviennent comme candidats possibles à une reprise de Mondelez.

L’investissement de Pershing Square crédibilise la perspective d’un nouveau mouvement de concentration dans l’agroalimentaire américain. Parmi les fonds d’investissement en général, la grogne monte face à la faiblesse des rendements. Le 29 juillet, Engaged Capital s’est attaqué à Boulder Brands, qui avait annoncé en juin une baisse de ses revenus pour le deuxième trimestre et la démission de son directeur général, en montant sa participation à 9,6%. En juin, ConAgra a annoncé la mise en vente de sa filiale Ralcorp, sous la pression de son actionnaire le hedge fund Jana Partners.

Une autre explication de l’intérêt des activistes réside dans la faiblesse de l’actionnariat interne des entreprises américaines du secteur et une utilisation assez limitée de différentes classes d’actions, qui peuvent entraver les tentatives d’acquisitions. Selon Bloomberg Intelligence, seules cinq des 30 plus grandes sociétés sont détenues à plus de 25% par leurs dirigeants et salariés; parmi elles, Pepsi Co, Mead Johnson, Dean Foods et Post Holdings.

Signe de l’influence des hedge funds, S&P Dow Jones Indices vient de créer un indice spécialisé dans les sociétés cotées suscitant l’intérêt des activistes, baptisé S&P U.S. Activist Interest.

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