
Le sort boursier d’Engie reste étroitement lié au nucléaire belge

Engie met fin au suspense sur son avenir en Belgique. L'énergéticien a annoncé lundi avoir trouvé un « accord de principe » avec le gouvernement fédéral pour prolonger jusqu’en 2036 la durée de vie de deux réacteurs nucléaires sur les six qu’il exploite actuellement dans le pays. Les quatre autres seront arrêtés d’ici à 2025.
Cet accord est le fruit de longs mois de négociation entre le groupe franjçais et les autorités belges, qui ont dû revoir leur plan de sortie du nucléaire - acté dès 2003 - à la lumière de la crise énergétique en Europe. Engie s’est d’abord montré très réticent, le nucléaire ne faisant plus partie de sa stratégie depuis la fin 2021.
« Le nucléaire peut cohabiter avec les autres activités du groupe que sont les infrastructures énergétiques, le gaz naturel et les renouvelables. Il générera des cash-flows positifs mais nécessitera également des investissements conséquents », souligne Tancrède Fulop, analyste chez Morningstar, qui juge la poursuite de cette activité « globalement neutre » pour la valorisation d’Engie par le marché.
Bien qu’ils soient les plus récents du parc, les réacteurs de Doel 4 et Tihange 3 devront subir des améliorations pour pouvoir poursuivre leur activité au-delà de 2025. Dans son communiqué, le groupe dirigé par Catherine MacGregor a indiqué qu’il engageait « immédiatement les études environnementales et techniques préalables à l’obtention des autorisations liées à cette prolongation ».
Mais c’est surtout le coût financier à long terme qui inquiète le groupe et les investisseurs. Depuis la loi de sortie du nucléaire de 2003, Engie a dû constituer une provision de près de 15 milliards d’euros afin de financer le démantèlement et la gestion des déchets de ses centrales belges. Ce montant est réévalué tous les trois ans par une commission indépendante, la Commission des provisions nucléaires (CPN).
Des coûts bientôt plafonnés
Le mois dernier, la CPN a enjoint le groupe de rallonger cette enveloppe de 3,3 milliards d’euros à la suite de nouvelles estimations des coûts liés au démantèlement des centrales et à l’enfouissement des déchets. Engie a contesté ce chiffre, qui résulte selon lui d’une baisse « injustifiée » du taux d’actualisation de ses provisions. Le groupe espère trouver un terrain d’entente avec la commission d’ici à la fin mars.
Le titre Engie a perdu 7% depuis cette annonce, alors que l’indice sectoriel Stoxx Utilities a gagné dans le même temps près de 3%. Sur l’ensemble de l’année écoulée, l’action Engie a fait du surplace tandis que les bénéfices du groupe se sont envolés. « Le marché n’aime pas l’incertitude », résume un analyste pour qui le montant de 3,3 milliards d’euros réclamé par la CPN, s’il était confirmé, serait clairement une mauvaise nouvelle.
L’accord annoncé lundi fixe néanmoins un cadre plus sécurisant pour les futures activités nucléaires d’Engie. L’Etat belge a accepté de s’engager aux côtés du groupe français dans une structure juridique dédiée aux deux réacteurs prolongés, dont il pourrait partager les aléas de remise en service. Surtout, il a validé le principe d’un plafonnement des engagements financiers d’Engie liés au traitement des déchets nucléaires. Un point important qui pourrait alléger les inquiétudes des investisseurs, à condition que ce plafond ne dépasse pas les attentes les plus pessimistes des analystes. La réponse devrait intervenir dans les prochains mois.
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