
Le scandale Wirecard privera EY de nouveaux clients en Allemagne pendant deux ans

Le cabinet d’audit EY n’en a pas encore fini avec l’affaire Wirecard. Il vient de faire les frais de la chute en 2020 de la société qui s’est avérée être un des plus grands scandales financiers de la décennie passée. Star allemande des services de paiements des années 2010, membre de l’indice Dax avec une capitalisation qui avait surpassé celle de la Deutsche Bank, Wirecard avait déposé le bilan après la révélation de manipulations comptables et d’un trou de près de 2 milliards d’euros dans ses comptes.
L’Autorité de surveillance comptable allemand (Apas) et l’Office fédéral de l'économie et du contrôle des exportations (Bafa) ont confirmé lundi avoir requis une interdiction pour EY Allemagne de contracter de nouveaux mandats pendant deux ans. Le cabinet ne pourra pas effectuer d’audits sur les comptes des entreprises «d’intérêt public» qu’il ne sert pas déjà. Ces dernières regroupent toutes les sociétés dont les titres sont cotés sur un marché réglementé, ainsi que les banques et les sociétés d’assurance.
Même si EY n’est pas nommément cité dans le communiqué des autorités – qui ne sont pas autorisées à donner le nom des entreprises incriminées -, c’est bien ce cabinet, figurant dans les documents d’audit de Wirecard, qui est visé. Cette sanction est en outre accompagnée d’une amende de 500.000 euros pour la société et de 23.000 à 300.000 euros pour cinq personnes physiques.
«Nous savons que l’Apas a terminé son enquête», a indiqué par mail un porte-parole d’EY Allemagne à plusieurs médias, dont L’Agefi. EY Allemagne précise toutefois que la société «n’a pas reçu tous les détails des conclusions de l’Apas, qui seront examinées attentivement lorsqu’elles seront finalisées et officiellement communiquées».
A lire aussi: Le scandale Wirecard laisse une douloureuse facture
Tout en déclarant avoir «pleinement coopéré avec l’Apas tout au long de son enquête », EY regrette toutefois que «la fraude collusoire chez Wirecard n’ait pas été découverte plus tôt, et nous en avons tiré d’importantes leçons». «L’important est qu’EY Allemagne soit une entreprise différente aujourd’hui», complète le communiqué.
Début 2021, Hubert Barth, directeur d’EY Allemagne au moment du scandale Wirecard, avait été remplacé par Henrik Ahlers et Jean-Yves Jegourel. Conjointement, le cabinet a lancé un vaste programme pour revoir sa gouvernance et sa gestion des risques. «Depuis 2020, nous avons pris des mesures importantes pour améliorer la qualité de l’audit et la gestion des risques ; nous avons tiré parti des technologies les plus récentes, déployé des évaluations améliorées des risques de fraude et mis davantage l’accent sur le risque de fraude ; Nous avons mis en place une nouvelle équipe de gestion et de nouvelles structures de surveillance», indique EY.
Enquête approfondie
Pour justifier cette sanction, l’Apas déclare s'être appuyée sur les documents de travail de la société d’audit, des déclarations de témoins, ou encore d’informations de tiers. L’organisme explique aussi le délai entre la découverte des faits et la sanction, car «les personnes concernées disposaient de droits étendus pour consulter les dossiers, être entendues et représentées par des avocats».
Par ailleurs, l’Apas précise bien que sa décision n’est «pas juridiquement contraignante» pour d’autres procédures liées à Wirecard. Des enquêtes pénales au bureau du procureur de Munich, et des poursuites civiles engagées par Wirecard ou par des investisseurs ou des créanciers contre les auditeurs personnes physiques et le cabinet sont en cours.
Enfin, cette sanction de l’Apas est loin d’être définitive. En cas de désaccord de la société incriminée, elle pourra être transférée devant le tribunal de Berlin, puis faire l’objet d’un appel.
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