Le scandale Toshiba ternit à nouveau la réputation du Japon

Le groupe japonais a surestimé ses profits de 152 milliards de yens entre 2008 et 2014. Une affaire qui rappelle le cas Olympus en 2011.
Alexandre Garabedian

Les conseillers en communication de crise de Toshiba ne vont pas chômer aujourd’hui. Le géant japonais a rendu publiques hier après-midi les conclusions de la commission d’enquête indépendante créée pour faire la lumière sur les soupçons d’irrégularités comptables du groupe. Résultat: Toshiba a surestimé ses profits avant impôt de 151,8 milliards de yens (1,13 milliard d’euros) entre 2008 et 2014. La commission devait publier à 8 heures ce matin (heure française) son rapport détaillé, avant de tenir à midi une conférence de presse. Les dirigeants du groupe, eux, passeront sur le gril ce matin à 10 heures.

Le montant des irrégularités relevées par l’audit indépendant représentent près du triple de 55 milliards de provisions déjà passées par le conglomérat japonais. L’enquête confirme surtout la responsabilité directe des dirigeants passés et actuels. Le scandale devrait pousser à la démission le président Hisao Tanaka, son prédécesseur jusqu’en 2013, Norio Sasaki, désormais vice-président, ainsi que d’autres membres du conseil, indiquaient hier plusieurs agences de presse.

Dans toutes les divisions du groupe – informatique grand public, semi-conducteurs, infrastructures… – un système de maquillage des comptes avait été mis en place. «Lorsque la direction présentait des ‘challenges’, les présidents de division, les managers et le personnel n’ont cessé d’exercer des pratiques comptables irrégulières pour remplir les objectifs conformément aux souhaits de leurs supérieurs», souligne la commission d’enquête. Les contrôles internes n’ont évidemment pas fonctionné.

L’affaire n’est pas sans rappeler le scandale Olympus en 2011: le fabricant d’appareils photos avait dissimulé 1,7 milliard de dollars de pertes sur treize ans. Toshiba avait annulé le 8 mai ses prévisions de bénéfices et le versement d’un dividende, tandis que l’enquête sur le scandale comptable s’élargissait. La plus grosse irrégularité est à imputer sur l’exercice 2012, dont le résultat avant impôt a été gonflé de 85,8 milliards de yens, en plus des corrections déjà effectuées par le groupe. Toshiba a par ailleurs annoncé hier qu’il allait évaluer la nécessité de déprécier ses immobilisations et ses actifs d’impôt différés, une fois ces postes audités avec l’aide du cabinet Ernst & Young. L’action du groupe, qui n’a pas coté hier à Tokyo en raison d’un jour férié, est en baisse de 26,5% depuis le début de l’année.

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