Le promoteur chinois Kaisa fait défaut sur sa dette en dollars

Premier du genre, cet événement de crédit devrait continuer à ralentir les émissions de dette offshore des autres promoteurs de catégorie spéculative.
Alexandre Garabedian

Kaisa est officiellement devenu hier le premier promoteur immobilier chinois à faire défaut sur sa dette en dollars. Le groupe a annoncé lundi qu’il ne pourrait rembourser les 52 millions de dollars d’intérêts dus sur deux souches obligataires, émises à échéance 2017 et 2018 pour des encours nominaux respectifs de 250 et 800 millions de dollars. L’entreprise basée à Shenzhen avait raté les premiers paiements les 18 et 19 mars, mais avait bénéficié d’un délai de grâce de 30 jours qui a expiré ce week-end.

Le marché obligataire avait en partie anticipé cette issue défavorable. Hier, les obligations ont perdu 7,3 cents, à 57,4 sur le pair, pour la ligne 2017, et 4,4 cents, à 57,2 sur le pair, pour la ligne 2018. L’agence S&P avait déjà dégradé la note de l’émetteur à défaut le mois dernier.

Les difficultés de Kaisa remontent à l’an dernier, lorsque le gouvernement chinois a bloqué les projets de cessions et de développement du promoteur. Ce dernier est impliqué dans une enquête anti-corruption visant l’ancien chef de la sécurité de Shenzhen. Le fondateur de l’entreprise, Kwok Ying Shing, l’avait quittée le 31 décembre pour raisons de santé, un départ qui avait déclenché un défaut technique sur un prêt de HSBC. Il a effectué un retour surprise le 13 avril. Dans l’intervalle, un autre promoteur, Sunac China, a annoncé le rachat de 49,3% du capital de Kaisa à la famille Kwok, à la condition préalable d’une restructuration de la dette qui s’élève au total à 10,5 milliards de dollars environ.

Epaulés par Moelis et le cabinet Kirkland & Ellis, les créanciers offshore sont en position de faiblesse: ils sont structurellement subordonnés aux créanciers en Chine, car les obligations sont émises par des véhicules n’ayant guère de droits sur les actifs. Kaisa, conseillé par Houlihan Lokey, les a déjà prévenus qu’ils ne récupéreront que 2,4% de leur mise si Sunac renonce à son offre.

Dans l’immédiat, ce défaut devrait ralentir les émissions de dettes d’autres promoteurs chinois notés en catégorie high yield. Cela a déjà été le cas au premier trimestre, avec 3,7 milliards de dollars levés contre 7 milliards un an auparavant, selon les analystes de CreditSights. D’après leur pointage, l’encours de dette spéculative en dollars émises par les promoteurs chinois s’élève à 18,3 milliards.

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