
Le projet de scission de Telecom Italia mécontente les investisseurs

La défiance des investisseurs envers le plan stratégique actualisé de Telecom Italia (TIM) était patente jeudi. Avec une chute de 14% de son cours de Bourse à 0,295 euro en clôture, la capitalisation boursière a été ramenée à 6,22 milliards d’euros. Le projet industriel, approuvé mercredi soir à l’unanimité par le conseil d’administration, tient compte du caractère fortement compétitif du marché transalpin et du cadre réglementaire strict imposé aux intervenants du secteur. Il représente une alternative à l’offre d’achat non engageante annoncée en novembre dernier par le groupe de private equity américain KKR. Elaboré par l’administrateur délégué Pietro Labriola, ce plan prévoit la séparation du groupe en deux entités juridiques.
La première entité, nommée «NetCo», regroupera les actifs du réseau fixe, le marché de gros domestique et le réseau international de fibre optique détenu par sa filiale Sparkle. «Nous sommes prêts à perdre le contrôle de cette entité en intégrant des partenaires financiers et industriels», a souligné le dirigeant, ajoutant que cette option n’était plus taboue. Sur son marché intérieur, afin d’atteindre une couverture en fibre optique à domicile (FTTH) de 60% à l’horizon 2026, contre un précédent objectif de 57%, TIM investira annuellement entre 3 milliards et 3,2 milliards d’euros d’ici à 2024, avant de réduire progressivement son effort d’investissement à 15% de son chiffre d’affaires.
Un Ebitda stable d’ici à 2024
La seconde entité, nommée «ServCo», abritera les réseaux mobiles, les plateformes de services et les centres de données. Elle sera divisée en trois segments : grandes entreprises, particuliers et PME, et TIM Brasil. Sur l’ensemble de la période 2022-2024, TIM anticipe dans son périmètre actuel un excédent brut d’exploitation (Ebitda) stable, après un repli attendu de l’ordre de 10% à 12% cette année, ainsi qu’une croissance moyenne annuelle pondérée de son chiffre d’affaires demeurant inférieure à 5%. Ses investissements «devraient totaliser 4 milliards d’euros cette année, 3,9 milliards en 2023 et 3,8 milliards en 2024».
Vivendi, premier actionnaire de TIM, a considéré la proposition de KKR comme trop basse. Le groupe de médias et de communication était entré en 2015 au capitalau prix moyen de 1,071 euro par action. Mais le prix de 0,505 euro proposé par le fonds américain fait désormais ressortir une prime de 71% par rapport au cours de clôture de TIM jeudi, ce qui ne devrait pas inciter son prétendant à améliorer les conditions de l’offre. Le conseil d’administration de l’opérateur italien attend la remise prochaine des conclusions de ses conseillers financiers pour prendre une décision à ce sujet.
Une perte trimestrielle de 8,65 milliards
Après trois avertissements sur les résultats émis l’an dernier, la perte nette record de 8,65 milliards d’euros publiée au titre du quatrième trimestre 2021 fragilise la structure financière du groupe. Cette perte «inclut une dépréciation de survaleurs de 4,1 milliards d’euros, une charge fiscale de 3,5 milliards d’euros découlant d’un changement législatif allongeant la durée d’amortissement des survaleurs, ainsi qu’une provision pour risque de 548 millions d’euros afférente à la renégociation d’un contrat avec le service de streaming sportif DAZN», précisent les analystes de Jefferies. L’excédent brut d’exploitation trimestriel est ressorti à 1,38 milliard d’euros, contre un consensus à 1,43 milliard.
«L’ampleur de la perte en 2021, qui conduit à l’absence de dividendes ainsi qu'à une prévision prudente sur 2022-2024, constitue une surprise», estiment les analystes d’Intesa Sanpaolo. A fin décembre 2021, la dette nette du groupe atteignait 17,6 milliards d’euros hors passifs locatifs. Sur l’exercice en cours, celle-ci «sera affectée par des paiements non récurrents d’un montant total de 3,7 milliards d’euros, notamment pour le paiement des fréquences mobiles en Italie et au Brésil, ainsi que pour l’acquisition des actifs mobiles du brésilien Oi, dont l’impact sur l’effet de levier sera entièrement absorbé d’ici à 2025», soulignent les analystes crédit d’Octo Finances.
Afin d’alléger son endettement, TIMa émis un avis favorable à l’offre engageante d’un consortium financier mené par Ardian sur sa participation indirecte dans le spécialiste des tours télécoms Inwit. Le groupe français de capital investissement et TIM contrôlent respectivement 49% et 51% de Daphne 3, holding qui détient 30,2% du capital d’Inwit. Ardian propose d’acquérir pour un montant non dévoilé «la majorité du capital» de cette holding. L’opération «devrait être finalisée d’ici au mois de juin», a précisé Pietro Labriola.
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Médicaments non utilisés : jusqu'à 1,7 milliard d'euros gaspillés chaque année selon la Cour des comptes
Paris - Les médicaments prescrits en ville mais non consommés représentent chaque année en France entre 561 millions et 1,7 milliard d’euros, selon une évaluation de la Cour des comptes publiée jeudi qui appelle à identifier les produits les plus jetés et les raisons de ce gaspillage. A ce jour, «les modalités de collecte et de traitement des médicaments non utilisés ne permettent pas de connaître de manière précise les montants et la nature des dépenses de médicaments qui auraient pu être évités», souligne la Cour des comptes. Son évaluation des coûts a été réalisée à partir des quantités de médicaments non utilisés collectées par l’organisme Cyclamed chargé de leur récupération. La facture atteint jusqu’à 1,7 milliard d’euros si le calcul prend en compte tous les médicaments mais elle tombe autour de 561 à 788 millions d’euros si les plus coûteux en sont exclus, détaille la Cour des comptes. Le volume de médicaments jetés et collectés par Cyclamed représentait 8.503 tonnes en 2023. Le potentiel de réduction de ces déchets peut être évalué entre 224 millions à 867 millions d’euros, selon l’enquête conduite par la Cour des comptes. Il est «indispensable que les pouvoirs publics améliorent leur connaissance de l’usage des produits de santé, prescrits, dispensés et remboursés, et comprennent pourquoi certains d’entre eux ne sont pas utilisés», écrit l’instance de surveillance des finances publiques. Elle préconise de s’appuyer sur l’expertise de Cyclamed pour quantifier les médicaments non utilisés, évaluer la proportion des médicaments périmés, identifier les produits les plus gaspillés et en déterminer les raisons afin de «susciter des mesures de prévention». La redistribution des médicaments non utilisés pourrait être, selon elle, «une mesure prometteuse», en particulier pour les médicaments coûteux ou très prescrits. De même, certains dispositifs médicaux (béquilles, fauteuils roulants, déambulateurs etc..) pourraient être réutilisés, remis en état ou recyclés pour récupérer au moins leurs composants, préconise le rapport. Parmi ses autres recommandations pour un meilleur usage des produits de santé (médicaments et dispositifs médicaux), la Cour des comptes propose d’inciter les industriels à adapter les conditionnements et les délais de péremption. Les produits de santé ont représenté un coût de 36,05 milliards d’euros pour l’assurance maladie en 2023, dont 25,26 milliards au titre des médicaments et 10,79 milliards au titre des dispositifs médicaux. Le gouvernement vise une réduction des dépenses de santé de l’ordre de cinq milliards d’euros l’an prochain. © Agence France-Presse -
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