Le mariage de Lafarge et Holcim s’éloigne de jour en jour

Les deux cimentiers ont réuni hier leurs conseils. Ils devraient s’exprimer aujourd’hui avant l’assemblée générale de CRH demain.
Bruno de Roulhac

Un silence qui ne laisse rien augurer de bon… Lafarge comme Holcim se sont abstenus hier soir de tout commentaire à l’issue de leur conseil d’administration. Ils devraient néanmoins s’exprimer aujourd’hui, le groupe irlandais CRH soumettant demain matin à ses actionnaires le rachat d’actifs de Lafarge et de Holcim pour 6,5 milliards d’euros.

Si les jeux ne sont pas encore faits, la probabilité de succès de mariage entre les deux cimentiers diminue de jour en jour. D’une part, les fusions «entre égaux» semblent être vouées à l’échec. Un an plus tôt, Publicis et Omnicom avaient aussi renoncé à se marier. A l’époque, Maurice Lévy, le président du directoire de Publicis, avait invoqué une lutte de pouvoir entre les deux groupes et un refus d’être dominé par son ex-partenaire américain. D’autre part, s’allier avec une entreprise suisse semble aujourd’hui ardu, comme le montre l’entrée de Saint-Gobain au capital de Sika.

Dans le projet actuel, avec une parité d’une action Lafarge pour une action Holcim, le cimentier suisse détiendrait 53% du groupe fusionné. Il demanderait maintenant une parité de 0,875 action Holcim pour 1 action Lafarge, quand le groupe français refuserait d’aller au-delà de 0,93 action Holcim. La parité ressortait hier soir à 0,867 action Holcim contre 0,872 la veille, et semble répondre aux attentes des investisseurs. Les titres des deux sociétés étaient particulièrement travaillés avec environ 1% du capital échangé. D’ailleurs, Berenberg situe le «juste ratio» entre 0,85 et 0,90 sur la base des estimations de chiffre d’affaires et de marge.

Si le cimentier français s’est immédiatement dit prêt à revoir la parité d’échange pour prendre en compte les «conditions de marché récentes», il refuse en revanche de modifier le reste des accords. Un avis d’autant plus tranché que le groupe suisse refuserait que le PDG de Lafarge, Bruno Lafont, devienne le directeur général du nouvel ensemble, comme cela était prévu initialement. D’aucuns doutent que le patron français parvienne à dégager les 1,4 miliard d’euros de synergies annuelles promises.

Fitch a déjà prévenu le marché qu’un échec du mariage entre les deux cimentiers aurait un impact négatif sur le profil de crédit de Lafarge, mais neutre pour Holcim. Néanmoins, Fitch croit toujours au succès de ce rapprochement. Lafarge noté «BB+» sous surveillance positive, resterait ainsi en catégorie spéculative.

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