Le Conseil d’Etat relance le jeu dans la télévision française

LCI et Paris Première vont pouvoir déposer une nouvelle demande de passage sur la TNT gratuite. Une mauvaise nouvelle pour NextRadioTV.
Olivier Pinaud

TF1 et M6 peuvent ressortir leurs arguments en faveur d’un passage en clair de LCI et de Paris Première. Le Conseil d’Etat a annulé hier la décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) qui avait interdit le 29 juillet 2014 le transfert des deux chaînes dans l’offre de TNT gratuite. Les magistrats ont jugé «irrégulière» la procédure du CSA.

Les études d’impact mesurant les conséquences sur la concurrence qu’entrainerait le passage en clair de LCI et de Paris Première n’ont en effet été publiées que le jour même de la décision du CSA, interdisant ainsi aux parties concernées de faire valoir leurs observations.

Le CSA insiste sur le fait que le Conseil d’Etat «ne se prononce pas sur l’analyse économique qui a fondé ses décisions de refus», à savoir la conjoncture dégradée du marché publicitaire, la fragilité financière de plusieurs chaînes gratuites et les risques de fragmentation de l’audience dans un contexte de stagnation de la consommation TV. Le CSA prend toutefois note de la décision et annonce qu’un «nouvel examen aura lieu dans un délai de six mois, prenant en compte les équilibres du marché publicitaire».

«LCI va désormais se rapprocher du CSA pour examiner avec lui les suites à donner à cette décision», annonce le groupe TF1. Il est probable qu’il dépose une nouvelle demande de passage en gratuit d’autant que l’évolution du marché publicitaire depuis un an et la progression des audiences cumulés de BFM TV et iTélé plaident en faveur de son dossier. M6 devrait lui emboîter le pas pour Paris Première. Le rapporteur public du Conseil d’Etat avait estimé fin mai que les dommages potentiels sur les chaînes concurrentes, D8 et Numéro 23, n’étaient pas démontrés.

NextRadioTV n’est pas de cet avis, encore plus au moment où il débourse 90 millions d’euros pour prendre le contrôle de Numéro 23. Le groupe d’Alain Weill avait estimé à 10 millions d’euros les pertes de recettes publicitaires pour sa chaîne BFM TV, en supposant une part d’audience de 0,5% pour LCI, entraînant une perte d’Ebitda équivalente et renvoyant le pôle TV du groupe dans le rouge.

A plus long terme, le passage de LCI et de Paris Première en gratuit réduirait également la valeur stratégique de NextRadioTV alors qu’un rapprochement avec le groupe TF1 constitue un scénario régulièrement évoqué. Hier, le cours de l’action NextRadioTV a chuté de 5% soit une perte de capitalisation de 25 millions d’euros.

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