L’augmentation de capital surprise d’Abengoa inquiète les marchés

Après avoir changé les garanties de ses obligations convertibles, Abengoa lance une augmentation de capital de 650 millions d’euros.
Donatien Censier-Marty

Nouveau rebondissement dans le feuilleton Abengoa. Après avoir organisé une conférence téléphonique vendredi 31 juillet pour dévoiler une partie de ses résultats semestriels en avance afin de mieux faire passer l’annonce, et en profiter pour prévenir d’un changement des termes des garanties associées à ses obligations convertibles, l’énergéticien espagnol a sorti de sa manche hier une augmentation de capital surprise pour un montant de 650 millions d’euros.

Une décision d’autant plus inattendue que la société avait écarté, durant sa conférence téléphonique de vendredi, une telle option. De quoi se mettre à dos ses actionnaires, en plus de ses obligataires. Hier, le cours de l’action de classe B Abengoa a chuté de 30% à la Bourse de Madrid.

L’opération n’est pas anodine. Elle représente 34% de la capitalisation actuelle de la société en termes d’actions de classe B. Elle s’accompagne d’une hausse de 100 millions d’euros de l’objectif de cessions d’actifs, qui atteint désormais un total de 500 millions d’euros, à réaliser d’ici le premier trimestre 2016. Et bien qu’en général une augmentation de capital profite aux obligations, la défiance envers le groupe espagnol est telle que la logique n’est ici pas respectée: les 375 millions d’euros d’obligations à échéance 2020 avec un coupon de 7% ont vu leur rendement grimper à 16,6% selon des données de Bloomberg.

Les investisseurs manifestent directement leurs craintes concernant le niveau d’endettement de la firme, qui s’élève à 2,6 milliards d’euros au mois de juin pour la maison mère et à 6,5 milliards d’euros pour la dette totale nette consolidée du groupe, tandis que sa capacité à générer rapidement du cash-flow est remise en cause par l’annonce d’une trésorerie opérationnelle négative de 201 millions d’euros pour la première moitié de l’année. Elle ne devrait être que de 500 millions d’euros sur l’année entière.

Outre l’effet déstabilisateur, cette opération apparaît presque insuffisante : 300 millions iront à l’allégement de la dette, le solde servant à combler les besoins de trésorerie. Une simple mesure de court terme qui ne résout pas les flux de revenus trop faibles de la société.

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