L’acquisition d’UIL sert les ambitions d’Iberdrola en Amérique du Nord

L’opération, payée cher en termes de multiples par rapport à la moyenne du secteur, permet au groupe espagnol de coter ses activités américaines
Antoine Landrot

A la recherche de croissance en dehors d’Europe, Iberdrola consolide ses positions outre-Atlantique. La compagnie d’électricité espagnole va acquérir UIL Holdings, un acteur présent dans le Connecticut et le Massachussetts.

Il va payer trois milliards de dollars en cash et en titres pour cette société cotée, qui capitalise 2,39 milliards. L’offre propose une prime de 20% sur le cours moyen des 30 derniers jours et de 25% par rapport au cours de la veille. Selon les analystes de JPMorgan, elle valorise UIL 10 fois son Ebitda et 20 fois son résultat net estimés pour 2015. Le multiple d’Ebitda moyen pour le secteur aux Etats-Unis atteint 18. Les termes de la transaction peuvent donc paraître élevés.

Mais le projet dépasse la simple acquisition d’un modeste concurrent. L’objectif d’Iberdrola est de fusionner sa filiale américaine – non cotée – Iberdrola USA (ex-Energy East) avec UIL et de maintenir la cotation du nouvel ensemble. C’est pourquoi l’opération est minoritairement financée comptant, réduisant le risque inhérent à l’acquisition: en plus des 597 millions de dollars payés en cash, les actionnaires d’UIL recevront sous forme d’actions 18,5% du capital de la nouvelle entité – baptisée Iberdrola USA. Le solde sera détenu par la compagnie espagnole.

Sur la base des comptes 2014, le nouvel Iberdrola USA (qui sera dirigé par le patron d’UIL James Torgerson) affiche un Ebitda de 2 milliards de dollars, un résultat net récurrent de 556 millions et 30,9 milliards de dollars d’actifs. Le ratio dette nette sur Ebitda d’UIL étant supérieur (3,9), celui d’Iberdrola USA passera de 1,6 à 2,1. «Le faible effet sur les ratios de solvabilité sera compensé par l’amélioration de notre activité et de notre profil géographique, puisque nous augmentons notre exposition aux activités régulées et aux Etats-Unis», indique le groupe espagnol. Les deux sociétés sont présentes dans le nord-est des Etats-Unis. Iberdrola estime que la nouvelle entité affichera une hausse du bénéfice par action de 10% par an d’ici à la fin de 2019.

Le groupe n’a jamais caché son intention de s’agrandir aux Etats-Unis: le marché espagnol est mûr et sa réforme récente a réduit sa profitabilité. A l’inverse, le marché américain est fragmenté et ses infrastructures souvent obsolètes. Ironie du sort, Iberdrola retrouve dans l’escarcelle d’UIL les actifs de distribution de gaz qu’il lui avait vendus en 2010. Mais le boum du gaz de schiste a accru la demande de capacités de distribution.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...