
La restructuration financière d’Adler rencontre un nouvel obstacle

Une nouvelle épée de Damoclès pèse sur Adler Group. Un créancier obligataire dissident a récemment lancé une action en justice auprès d’un tribunal de Francfort pour s’opposer au projet de restructuration financière de droit britannique négocié avec difficulté par le groupe immobilier en début d’année.
Adler a créé à cet effet AGPS BondCo, filiale britannique qui porte désormais sa dette obligataire. Cette solution a été conçue pour éviter qu’une mésentente entre plusieurs catégories de créanciers n’aboutisse au blocage d’une proposition allant dans l’intérêt de l’entreprise si elle était avalisée par la justice.
Si l’identité du plaignant n’a pas été dévoilé, plusieurs fonds d’investissement comme DWS, Attestor Capital, Strategic Value Partners et Carval Investors ont refusé le mois dernier l’accord conclu avec d’autres détenteurs de sa dette obligataire. Ces fonds, qui possèdent des titres de maturité 2029, estiment être bien plus exposés à l’éventualité d’une faillite que les détenteurs des souches 2024.
Adler a fait valoir que tous les créanciers obligataires auraient le même rang en cas d’insolvabilité, mais ces fonds dissidents ont estimé que la création d’AGPS BondCo «visait clairement à faciliter l’adhésion forcée des porteurs d’obligations à échéance 2029», en soulignant que le groupe luxembourgeois n’avait aucune activité outre-Manche.
A lire aussi: La tension monte entre Adler et le gendarme boursier allemand
Report des comptes certifiés jusqu’en septembre 2024
Adler a par ailleurs demandé à ses créanciers obligataires d’accepter le report de la publication de ses comptes certifiés pour l’exercice 2022 jusqu’en septembre 2024. Il compte ainsi échapper à une rupture de covenant qui déclencherait l’exigibilité immédiate de la plus grande partie de sa dette senior non garantie, dont le montant total s’élève à 4,4 milliards d’euros. Mais les investisseurs dissidents estiment que la prolongation de la maturité des souches 2024, offerte aux détenteurs de ces titres en vertu du plan britannique, serait injuste pour les porteurs d’obligations à échéance plus longue.
«Adler dépend principalement de ses différents créanciers obligataires pour se financer et ces derniers ont besoin de l’accord de leur comité respectif pour y consentir», a indiqué à Bloomberg Tobias Moser, avocat du cabinet DMR Legal, ajoutant que cela sera particulièrement ardu en l’absence de comptes certifiés.
La procédure ouverte en Allemagne s’ajoute à des échéances très serrées pour le groupe dont le projet de restructuration doit impérativement être approuvé avant la mi-avril. «Tout retard supplémentaire aboutirait à la mort de l’entreprise», a déclaré fin février David Allison, avocat d’Adler. Confronté à une échéance de dette de 500 millions d’euros remboursable le 27 avril, le groupe serait contraint d’ouvrir une procédure d’insolvabilité en l’absence d’accord, ce qui entraînerait une vente forcée de ses actifs à prix réduit.
Selon une étude du Boston Consulting Group commandée par l’entreprise, ses créanciers obligataires récupéreraient dans ce cas de figure seulement 57% de la valeur nominale de leurs titres. La filiale AGPS BondCo est convoquée le 16 mars en audience devant la Haute Cour de Londres.
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