La réorganisation capitalistique de Pirelli fait du pétrolier Rosneft son premier actionnaire

Profitant du désengagement d’un investisseur italien, le groupe russe prendra 13% du pneumaticien pour environ 500 millions d’euros
Yves-Marc Le Réour

L’annonce d’une prise de participation indirecte de 13% du pétrolier russe Rosneft au capital du pneumaticien italien Pirelli constitue une surprise, dans la mesure où elle intervient au lendemain du référendum organisé en Crimée sur le rattachement de ce territoire ukrainien à la Russie, scrutin dont la validité n’a pas été reconnue par les pays occidentaux. Les ministres européens des Affaires étrangères viennent en outre de prendre des sanctions (restrictions de visas et gels d’avoirs) à l’encontre de 21 responsables ukrainiens et russes.

Selon les termes de l’accord-cadre établi sur la base d’un cours de 12 euros pour l’action Pirelli, Rosneft possédera 50% d’une nouvelle entité qui détiendra 26,2% du pneumaticien, devenant ainsi son plus important actionnaire. Cette part était jusqu'à présent détenue par les actionnaires italiens UniCredit, Clessidra, Intesa Sanpaolo et Nuove Partecipazioni via la société Lauro Sessantuno/Camfin. L’autre moitié du capital de cette nouvelle entité appartiendra à une société contrôlée à 80% par Nuove Partecipazioni, tandis qu’Intesa Sanpaolo et UniCredit, les deux plus grandes banques italiennes, en auront chacune 10%. De son côté, le groupe italien de capital-investissement Clessidra se désengagera de Pirelli.

Cette opération «réduit significativement l’attrait spéculatif de l’action Pirelli», juge Massimo Vecchio, analyste chez Mediobanca. Le titre a d’ailleurs reculé hier de 2,2% pour terminer en dessous de 11,8 euros sur la Bourse de Milan. La gouvernance de Pirelli restera d’autre part inchangée. L’homme d’affaires Marco Tronchetti Provera, qui contrôle Nuove Partecipazioni, conservera ses postes actuels de président et administrateur délégué.

Si les montants afférents à cette évolution du tour de table n’ont pas été dévoilés, Rosneft investirait environ 500 millions d’euros dans cette transaction, rapportent Bloomberg et Reuters en se référant à une source proche du dossier. Cette entrée au capital, qui renforce les liens entre les deux sociétés, fait suite à un accord conclu en décembre 2012 qui donnait le droit au pneumaticien italien de commercialiser ses produits à travers le réseau de stations-service du groupe russe. Pirelli considère en effet la Russie comme un marché stratégique, en raison notamment de ses importants besoins en pneus d’hiver.

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