La rémunération de Tidjane Thiam relance la polémique

La hausse de la prime de court terme du dirigeant de Credit Suisse au titre de 2018 a suscité les critiques des proxys Glass Lewis et Ethos.
Julien Beauvieux

La question des rémunérations refait surface chez Credit Suisse. Alors que se profile le 26 avril prochain l’assemblée générale annuelle du groupe bancaire helvète, l’agence en conseil de vote (proxy) Glass Lewis est montée au créneau dans un rapport dévoilé ce lundi pointant une «augmentation injustifiée de la prime du directeur général», Tidjane Thiam. Si le proxy suisse Ethos a également émis une recommandation négative concernant le vote du package 2018 du dirigeant, qui doit augmenter de 30%, son homologue américain ISS a en revanche estimé cette revalorisation justifiée.

«Nous sommes troublés par l’exercice immédiat par le conseil d’un pouvoir discrétionnaire croissant en augmentant les possibilités d’intéressement à court terme du directeur général pour le dernier exercice, ce qui apparaît comme une anticipation inutile d’une récompense pour des résultats futurs potentiels», écrit Glass Lewis dans son rapport, cité par Reuters.

Reconstruire la confiance des investisseurs

Outre la revalorisation en elle-même, Glass Lewis critique également la manière. «Les actionnaires devraient raisonnablement pouvoir compter sur la prudence du comité des rémunérations, afin de reconstruire la confiance des investisseurs», indique le rapport.

Totalisant 12,65 millions de francs suisses (11,2 millions d’euros), le package de Tidjane Thiam intègre notamment une prime incitative à court terme (STI) de 4,94 millions de francs, dont le mode de calcul a été renforcé en raison «du succès dans l’exécution du plan de transformation à trois ans». Alors que la banque a enregistré l’an dernier son premier bénéfice net depuis 2014, ce STI représente désormais 1,83 fois le salaire de base, contre 1,5 fois précédemment, soit 1 million supplémentaire. Le plan d’intéressement à long terme (LTI) du dirigeant pour 2018 s’est quant à lui élevé à 4,36 millions de francs.

«Nous prenons note des recommandations formulées» , a pour sa part réagi Credit Suisse, ajoutant vouloir «respecte[r] la démocratie actionnariale» . Selon ISS, ces pratiques sont ainsi «en ligne avec les pratiques du marché» , Credit Suisse ayant par ailleurs justifié ces hausses et laissé la rémunération fixe de Tidjane Thiam (3 millions de francs) inchangée. La hausse de 30% ressort en outre à seulement 13% après retraitement de la réduction de 40% du LTI 2017 décidée il y a deux ans par les dirigeants de Credit Suisse, à la suite déjà d’une fronde menée par plusieurs cabinets de conseil aux actionnaires.

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